Votre chien grogne et montre les dents dès qu’il croise un autre chien ? Vous craignez une bagarre ? Que faire quand la situation
dérape ? Cet article répond à des cas concrets de maîtres, dépassés par l’agressivité de leur chien.
Mon chien est un peu agressif avec les autres mâles
Que signifie « un peu agressif » ? S’agit-il de tous les mâles ? Cela se passe-t-il à l’extérieur ou derrière un grillage ? Quels effets cela a-t-il sur lui (aboiements, grognements, gencives découvertes, piloérection, pincements, morsures maintenues, morsures multiples…) ?
Ce chien a-t-il l’occasion de véritablement rencontrer ses congénères ou bien est-il constamment tenu à distance ? La réponse variera, entre autres, en fonction de ces précisions…

Votre chien peut avoir été socialement carencé au cours des premières semaines de sa vie. En fonction de son âge, de son seuil de tolérance, de ses capacités d’adaptation et de sa sensibilité, on peut éventuellement envisager des mises en contact organisées avec certains congénères pour y remédier. Mais une rencontre entre deux individus peut être un peu mouvementée, surtout si les humains présents font intrusion.
La laisse est une entrave qui peut l’empêcher de fuir en cas de peur, lui laissant deux solutions : l’immobilisation ou la menace. Détaché ou en longe, il pourrait se révéler être un tout autre chien.
Véhicule de vos émotions, elle est également ce qui vous relie l’un à l’autre. Votre chien comme vous-même arrivez très bien à repérer quand l’autre est détendu, crispé ou sur ses gardes. Raccourcir la laisse pour le rapprocher de vous, changer de trottoir, lui dire « NON ! » ou même « assis ! » quand vous croisez un chien ne lui montre qu’une chose : votre comportement change, vous redoutez la rencontre et vous avez peur. Il y a donc danger.
Puisque modifier votre comportement lui fait modifier le sien, pourquoi ne pas banaliser la situation et rester calme ? Un comportementaliste pourra vous aider dans cette démarche.
Ma femelle Cocker (4 ans) est très belliqueuse envers mon Caniche toy (13 ans). Je n’arrive pas à les séparer, que faire ?
Il est impératif que vous sachiez précisément dans quelles circonstances votre Cocker s’en prend à votre Caniche.
Les conduites agressives étant ritualisées, cela les rend prévisibles : observez-vous les trois phases (menace, attaque et apaisement) ? Quel type de morsure constatez-vous : discerne-t-on le contact des crocs sur la peau ? Y a-t-il des impacts profonds ? Des lacérations ?
Des morsures multiples et délabrantes dans un but de mise à mort de la victime ? Si leurs relations ont toujours été houleuses, c’est que vos deux canidés ne s’entendent tout simplement pas.
Si par contre les tensions sont apparues à un moment donné, c’est qu’il y a eu un événement déclencheur. Il peut y avoir conflit parce que vos deux chiens veulent avoir votre attention au même moment. Il s’agira alors pour vous de gérer scrupuleusement les moments affectifs en veillant à ne pas créer de conflit au sein du groupe en privilégiant l’un ou l’autre au mauvais moment.
Également, n’oubliez pas que l’appréhension et l’angoisse que vous ressentez se transmettent à vos chiens.
Mon chien grogne sur les gens qu’il ne connaît pas
S’il menace les étrangers, c’est certainement que ses conditions d’élevage ne lui ont pas permis de faire ce type de rencontres ou encore que votre canidé a vécu une expérience traumatisante.
La menace sert à éviter le conflit et à faire cesser l’action en cours. Un chien qui ne prévient pas est potentiellement dangereux, votre chien est donc un animal équilibré qui prévient que la situation qu’il vit lui est insupportable et qu’il veut y mettre un terme.
Dans ce cas, il est conseillé de consulter un comportementaliste certifié. En attendant, sachez qu’un chien a le droit d’être tranquille, veillez donc à préserver le vôtre des intrusions dérangeantes pour ne pas l’amener à faire usage de menaces.
S’il grogne, assurez-vous que ses menaces soient toujours respectées, car si ce n’est pas le cas, votre chien serait contraint d’en venir à la morsure (qui, elle, fonctionne !) et comprendrait que seule l’attaque permet de faire cesser la source de l’inconfort.
Le chien qui devient menaçant lorsqu’il y a un os ou un jouet en concurrence
Bagarre, punition et séparation… Après quelques minutes, l’un des chiens se met sur le dos dès que son congénère approche. La hiérarchie s’établit, mais quelques minutes après, la bataille reprend de plus belle… Est-ce une question de territoire ? De jouet ? De domination ?
Déjà, il y a forcément plus de risque de conduites agressives si vous vous trouvez chez l’un des chiens plutôt qu’à l’extérieur, peu importe qu’ils se connaissent depuis quelque temps.
Les chiens s’adaptent à leur milieu. Si leurs interactions sont systématiquement stoppées, jamais ils ne pourront connaître leurs limites et faire preuve d’auto-contrôle.
Il est périlleux de laisser des os et des jouets au milieu d’animaux qui ne cohabitent pas ensemble. Rien ne doit être laissé à leur portée susceptible d’éveiller cette concurrence, il s’agira d’anticiper et de prévoir vos prochaines entrevues.
Il en faut bien un en position soumise pour que l’harmonie revienne, c’est si les deux chiens adoptaient des postures dominantes que l’on peut s’inquiéter.
Changer un chien dominant en chien en dominé ?
Un chien peut avoir de très nombreuses raisons de menacer. Une petite mise au point sur la notion de « dominant » s’impose. Les rumeurs disent qu’un chien qui aboie, qui grogne ou qui se bagarre souvent, est forcément un « dominant ». C’est faux.
Déjà, c’est confondre dominance et agressivité. De plus, un individu dominant n’est pas agressif : il n’en a pas besoin. En réalité, le vrai dominant est un chien qui respecte les codes canins (donc qui se bat peu), qui inspire confiance et qui protège les autres par ses attitudes assurées et mesurées : tout le contraire du teigneux qui agresse systématiquement les chiens qu’il rencontre…
Les prérogatives du dominant sont : l’occupation de l’espace, l’accès prioritaire aux repas en cas de nécessité, l’initiative des contacts et l’accès à la sexualité.
Quand un chien se montre agressif, il faut se demander ce qui motive ses comportements. Il n’y a pas de dominance absolue, les relations entre deux chiens ne sont pas figées. L’un peut très bien dominer l’autre lors des repas tandis qu’il peut aussi être dominé lors des jeux. Tout est question de contexte. La dominance ne s’applique qu’à la relation dans un groupe, ce n’est pas une caractéristique individuelle.
« Il a goûté au sang ! »
Qui n’a pas déjà entendu les fameuses rumeurs concernant le chien qui mord qui remordra forcément ou encore le chien qui goûte au sang qui ne pourra plus s’en passer ?
« N’importe quel chien qui a goûté au sang est capable d’attaquer à nouveau, à n’importe quel moment », « un chien qui goûte au sang c’est fini pour lui, il cherchera toujours à y goûter », « il faut euthanasier un chien qui a goûté au sang, car il recommencera »…
Ces idées reçues, absolument infondées donnent l’impression d’une contagion, d’un virus qui se propagerait. On imagine alors qu’une infime goutte de sang peut transformer notre chien en l’animal sanguinaire, psychopathe et meurtrier.
Qui a mordu mordra…
Il est important de rappeler qu’un chien qui mord n’est ni « fou » ni « foutu »… c’est juste un chien ! Tous peuvent mordre si la situation les y oblige (ils ont tous des dents ainsi qu’une sensibilité et un seuil de tolérance qui leur sont propres).
De plus, bien souvent l’animal prévient (mais ses signaux ne sont pas pris en compte, voire réprimés). Une conduite agressive est codifiée et ritualisée, c’est-à-dire qu’elle se déroule toujours de la même manière, ce qui la rend prévisible. Elle se déroule en trois étapes :
La menace
Elle sert à impressionner un individu et à éviter l’attaque. Grognement, gencives découvertes, mydriase (dilatation des pupilles), raidissement des membres, piloérection… l’animal prévient l’autre de cesser immédiatement ce qu’il est en train de faire.
En cas d’inefficacité, la menace est mise à exécution par la morsure. Cette phase peut être supprimée si l’animal est pris de panique, souffre, s’il a été dressé au « mordant », si elle n’a jamais été prise en considération ou s’il n’a pas bénéficié des conditions de développement précoce adéquates.
Le passage à l’acte : la morsure
Si sa menace s’est avérée inefficace, le chien passe à l’étape suivante : la morsure (prise en gueule plus ou moins fortement tenue, dosée et lâchée en fonction de la situation et de l’autre). La morsure n’est pas faite pour tuer (sauf pour les cas de dressage au « mordant » ou dans la poursuite, saisie et morsure dite « délabrante » d’une proie).
Les chiens convenablement équilibrés ont recours à la morsure dans des situations clairement identifiées, et ne le font jamais par goût, mais par nécessité.
L’apaisement
Le vainqueur pose sa patte sur l’autre ou le lèche : cela indique la fin du combat et signale le retour à la paix.
Donc si votre animal s’est battu avec un congénère, s’il a mordu voire tué un autre animal par prédation (surtout si sa race l’y prédispose), s’il s’est retourné contre vous alors que vous le réprimandiez, s’il s’en est pris à l’individu le plus proche, car surpris pendant son sommeil, s’il a mordu parce que la situation lui a fait peur ou mal, s’il est passé à l’attaque après avoir menacé ou si personne n’a jamais tenu compte de ses menaces, il ne s’est pas brutalement métamorphosé en monstre sanguinaire avide de sang pour autant, il s’est juste comporté en chien…
Pourquoi y a-t-il plus d’euthanasies de gros chiens ?
Uniquement parce que les petits ne font « que » mordre, que les gens ne craignent pas pour leur vie et que les dégâts sont moindres (quoique…). Mais pourtant ces petits chiens-là goûtent au sang eux aussi. Sont-ils eux aussi des êtres sanguinaires qu’il faut tuer d’urgence ? Les chats qui ramènent des proies à leurs propriétaires sont-ils plus susceptibles que les autres de les attaquer à leur tour ?
Combien d’animaux (chiens, chats, furets…) à qui l’on donne de la nourriture naturelle à base de viande crue se sont mis à dévorer leur entourage ? Si le processus « sang + papilles = dépendance » existait, la Terre serait peuplée d’animaux de compagnie tueurs avides de chair ! Or, il existe des millions d’animaux familiers pour qui une morsure n’a pas engendré de dépendance au sang.
Si votre chien a mordu, contactez au plus vite un comportementaliste qui vous aidera à comprendre ses motivations, à éviter et désamorcer les situations à risque et à retrouver des relations saines et apaisées avec lui. Mais n’allez pas imaginer qu’il est désormais accroc à l’hémoglobine et qu’il vous surveillera, tapi dans l’ombre, attendant un moment d’inattention de votre part afin de vous trancher la jugulaire pendant votre sommeil…
Intervenir en cas de conflit ?
Lorsque les individus partagent des codes communs, la hiérarchie s’établit en principe naturellement, après quelques échanges conflictuels mêlant intimidation et apaisement.
Face à un conflit naissant entre congénères, le maître a tout de suite interrompu les premiers heurts. Ceux-ci se sont alors aggravés, passant de la simple menace au combat. Deux grands chiens intensifiant leurs grognements et se sautant à la gorge ! La peur domine : nous redoutons que les chiens se blessent grièvement, ou même qu’ils s’entre-tuent. Et pourtant… l’intervention du maître au cours de ces discussions empêche l’établissement naturel de la hiérarchie canine ; elle aggrave et pérennise les conflits.
En voulant être équitable, on risque d’entrer dans un jeu d’alliance au profit d’une victime désignée. Cette attitude rend l’organisation du groupe peu claire aux yeux des chiens et a pour conséquence une augmentation des conflits.
Le code canin de bonne conduite
L’espèce canine est comme tant d’autres naturellement agressive ; les humains n’échappent d’ailleurs pas à la règle. Cette agressivité lui est nécessaire pour survivre : c’est-à-dire pour défendre son territoire, lutter contre les prédateurs et s’alimenter. Cependant, le chien est aussi une espèce sociale : il doit donc pouvoir contrôler son agressivité, l’inhiber à certains moments, de manière à ce que la vie en groupe soit possible.
L’agressivité peut donc être jugulée grâce à un certain nombre de signaux, les rituels. L’ensemble de ces rituels constitue ce que l’on pourrait appeler le « code social », par analogie avec notre code de bonne conduite. Les grognements et les aboiements font partie des rituels d’affrontement : plus les chiens font du bruit, plus ils « discutent »… et plus ils font peur à leurs maîtres !
Les idées reçues
« Il faut castrer les chiens qui se battent ». La castration n’est pas le remède à l’agressivité. Elle a cependant l’avantage de faire disparaître les situations de compétition sexuelle à l’origine de conflits, et de diminuer le nombre de combats dans un groupe.