L’hygiène bucco-dentaire chez le chien

Votre chien a mauvaise haleine ? En terme médical, les principales causes de l’« halitose » sont l’accumulation de la plaque dentaire (tartre), la gingivite et la parodontite.

Ces lésions locales peuvent aboutir progressivement à la mobilité puis à la perte des dents de votre chien. Voici quelques conseils afin de préserver le sourire et la santé dentaire de votre chien.

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Tout comme chez l’homme, les bactéries – hôtes naturels de la bouche – s’accumulent progressivement sur les surfaces dentaires de votre animal familier pour former un biofilm dénommé plaque dentaire bactérienne, responsable de la maladie parodontale. Cette maladie évolue de la gingivite (simple inflammation de la gencive) à la parodontite (destruction des structures d’attache de la dent).

Pour préserver le plus longtemps possible la santé dentaire de votre chien, différents moyens sont à votre disposition.

8 maîtres sur 10 ignorent les problèmes bucco-dentaires de leur chien

74 % d’entre eux n’ont jamais brossé les dents de leur chien et 65 % ne lui ont jamais fait faire un détartrage chez le vétérinaire… c’est ce que révèlent les résultats d’une étude européenne récente et qui pousse les industriels à innover sur le plan de l’hygiène bucco-alimentaire.

Profitez d’une visite chez votre vétérinaire pour lui demander conseil. Il saura vous dire, en fonction de l’état des dents de votre chien et
de son caractère, quelle est la meilleure façon de lui garantir une bonne hygiène.

La maladie parodontale (parodontite)

La maladie parodontale est une maladie infectieuse opportuniste due au développement de la plaque dentaire bactérienne et à l’incapacité du chien à gérer cette quantité de bactéries et leurs méfaits. Elle affecte plus précocement et plus sévèrement les chiens de petite taille.

Indépendamment de la taille, certains individus, comme chez l’homme, sont particulièrement prédisposés et présentent parfois de graves lésions à un jeune âge.

En plus des lésions locales aboutissant progressivement à la mobilité puis à la perte de dents, l’infection peut s’étendre aux structures avoisinantes (infection nasale, infection de l’os des mâchoires) ou à distance (rein, foie, cœur). Il est donc nécessaire de limiter l’extension de cette maladie dès le plus jeune âge.

Le point de départ est insidieux, il consiste en l’accumulation de la plaque dentaire bactérienne qui n’est pas visible à l’œil nu ; elle peut être révélée par un colorant rouge ou bleu appelé révélateur de plaque dentaire.

Rapidement se développe une gingivite qui se caractérise par une rougeur et un gonflement plus important de la gencive. À ce stade, nombre de maîtres ne reconnaissent pas le problème.

Avec la progression sous la gencive, non seulement cette dernière est attaquée, mais le ligament alvéolo-dentaire et l’os alvéolaire sont détruits, ce qui aboutit progressivement à la mobilité de la dent. Il s’agit alors d’une parodontite qui, en l’absence de traitement par
le vétérinaire, conduit à la perte des dents.

Les signes extérieurs les plus facilement reconnus par le propriétaire sont la mauvaise haleine, l’accumulation de tartre, la rougeur des gencives, la présence de pus et éventuellement le déchaussement et la mobilité des dents.

Le traitement

Le traitement de la maladie dépend de son stade d’évolution, ce qui nécessite une évaluation précise et détaillée par le vétérinaire.

Un détartrage seul ne peut traiter efficacement des dents atteintes de parodontite. Le but du traitement est l’élimination de la plaque dentaire bactérienne, cause de la maladie, partout où elle se trouve, à la surface de la dent ou en profondeur, le long de la racine.

Le traitement effectué sous anesthésie générale consiste en un détartrage supra-gingival, un débridement sous-gingival et un polissage dentaire. Néanmoins, lorsque le degré d’atteinte est trop important, des dents doivent être extraites.

L’hygiène bucco-dentaire

Les soins d’entretien des dents (hygiène bucco-dentaire) doivent être entrepris dans deux cas de figure : chez le chien jeune pour prévenir l’apparition de la maladie (prévention primaire), chez l’adulte atteint de maladie parodontale, après traitement professionnel afin d’éviter les récidives et l’aggravation des lésions (prévention secondaire).

Chaque fois que possible, la prévention primaire est conseillée, car en évitant l’apparition de la maladie, elle est plus efficace, mais également moins astreignante.

Sur des dents parfaitement nettoyées, la plaque dentaire se reforme en 6 à 8 heures et s’organise progressivement en un réseau structuré en 24 heures. L’hygiène bucco-dentaire doit donc être un acte fréquent et régulier.

Les produits appliqués par le propriétaire

Les produits directement appliqués sur les dents de l’animal sont les plus efficaces, mais également les plus contraignants. Pour qu’un produit soit efficace, quel qu’il soit, il faut que son action soit portée directement au contact des dents.

Les produits dont le temps de contact ou d’utilisation en bouche est très faible (« dentifrice à croquer », spray, pulvérisateur, liquide à
boire) peuvent donc être considérés comme inefficaces jusqu’à preuve du contraire.

L’efficacité du produit d’hygiène (dentifrice ou gel dentaire) réside dans son action antiseptique. Il faut donc qu’il contienne une ou plusieurs substances chimiques connues pour leur effet sur la plaque dentaire.

Si, chez l’homme, les produits utilisés dans les dentifrices sont relativement doux, car ils ne viennent que compléter l’action du brossage dentaire 2 à 3 fois par jour, il en est autrement chez l’animal.

Le choix du produit à utiliser doit donc être fait avec le vétérinaire qui est à même d’évaluer la gravité de la maladie et d’effectuer, si nécessaire, les traitements dentaires appropriés.

Il existe de nombreux produits d’hygiène dentaire (gel, dentifrice, pulvérisateur, comprimés, etc.) sur le marché. Malheureusement, très peu ont été testés cliniquement. Certains contiennent des substances actives, mais dont l’efficacité peut être inhibée par d’autres composants, d’autres ne contiennent aucune substance réellement active sur la plaque dentaire. Votre vétérinaire pourra vous conseiller.

Il faut appliquer le gel quotidiennement sur les dents pour obtenir de bons résultats. Ainsi, avec un produit contenant des agents actifs, une réduction de l’accumulation de la plaque dentaire de l’ordre de 40 à 50 % peut être obtenue.

Le brossage dentaire

Le brossage dentaire est la référence en termes d’hygiène bucco-dentaire. Non seulement les poils de la brosse désorganisent mécaniquement le biofilm bactérien que constitue la plaque dentaire qui s’étale sur la dent, mais ils agissent également au ras de la gencive et jusqu’à quelques millimètres sous celle-ci, permettant ainsi de porter l’attaque là où les bactéries se nichent.

Cela est tellement vrai que malgré tous les progrès de la science, malgré la découverte de nouveaux composés chimiques, le brossage dentaire quotidien reste la base de l’hygiène de nos propres dents.

Comment pourrait-il en être autrement pour celles de nos compagnons à quatre pattes ?

Un brossage correctement effectué permet d’éliminer au moins 70 % de la plaque dentaire bactérienne. Le brossage s’effectue avec une brosse à dents à poils souples ou ultra souples préalablement enduits de gel dentaire antiseptique : l’action chimique vient ainsi renforcer
l’action mécanique.

Seul le brossage quotidien permet de maintenir la santé parodontale. Brosser les dents uniquement une fois par semaine équivaut à ne rien faire.

Comment initier l’hygiène bucco-dentaire ?

L’apprentissage du brossage n’est pas inné ; il doit être mis en place progressivement, étape par étape.

De nombreux propriétaires de chiens ne soulèvent jamais les babines de leur compagnon et n’examinent jamais leur bouche. Il faut donc commencer par des gestes simples.

Chaque manipulation doit être suivie par la distribution d’une récompense (caresse, friandise) afin que l’animal assimile ces manipulations à un acte agréable. De nombreux animaux reçoivent déjà régulièrement des friandises de la part de leurs maîtres ; il suffit alors de les
réserver au moment de la journée où les soins d’hygiène dentaire sont effectués. Il faut habituer l’animal à la manipulation de la bouche.

Très simplement, sans ouvrir la bouche de votre chien, il suffit de passer le doigt sous les babines et de masser les dents et les gencives. L’autre main maintient le museau du chien. Il faut habituer l’animal au goût du produit (gel ou dentifrice utilisé).

On place un petit peu de produit (de la taille d’un petit pois) sur l’index et on procède au massage de la même façon.

Il faut maîtriser le massage dentaire avec le produit. Une fois l’animal habitué, on peut effectuer le massage dentaire plus parfaitement sur l’ensemble des faces externes des dents. On utilise une quantité de produits selon les recommandations du fabricant ou du vétérinaire.

Il faut habituer l’animal à la brosse à dents. Une fois, et une fois seulement le massage des dents accepté par l’animal, on peut passer à l’étape du brossage. Si le simple massage est très difficile, il vaut mieux ne pas passer à l’étape du brossage.

Le brossage est effectué en plaçant le produit sur les poils de la brosse et en le faisant pénétrer dans les poils avant d’appliquer la brosse sur les dents.

Peu importe s’il faut des semaines ou des mois pour arriver à l’étape du massage ou du brossage. L’essentiel est d’instaurer cette pratique doucement, mais sûrement, avec la coopération de l’animal, afin de pouvoir la continuer longtemps.

Les produits distribués à l’animal

Il existe des aliments fabriqués spécialement pour faciliter l’hygiène bucco-dentaire. Ils se présentent sous la forme d’un aliment sec (croquettes). L’effet de raclage est dû à la texture particulière de ces croquettes. En plus, certains fabricants incorporent des substances
chimiques réduisant l’accumulation de tartre.

Articles à mâcher non alimentaires

Ce sont principalement des os ou lamelles à mâcher fabriqués à base de collagène (« peau de buffle »). L’activité repose sur les contacts répétés entre ces articles fibreux et les dents.

Certains d’entre eux peuvent éventuellement être mangés par l’animal, mais ne présentent aucun intérêt nutritionnel. Il vaut mieux les retirer lorsqu’ils sont trop mous.

Il existe également sur le marché des os en plastique dur qu’il est préférable d’éviter, car ils peuvent entraîner une usure importante, voire une fracture des dents. Les cordes à mâcher peuvent entraîner des blessures des gencives.

Articles à mâcher alimentaires

Il s’agit le plus souvent de produits ayant l’aspect d’os, de bâtonnet, de rouleau… Le chien préfère souvent ces articles alimentaires à ceux en « peau de buffle ».

Très bien acceptés, ces produits doivent être donnés quotidiennement au chien pour être efficaces.

De la même façon que pour les articles non alimentaires, ce sont les contacts répétés entre le produit et les dents qui permettent d’éliminer une partie de la plaque dentaire par effet de raclage.

Prévus pour être ingérés, ces produits, selon leur composition, peuvent être énergétiques et représenter une part non négligeable de
l’apport calorique quotidien. Il faut donc veiller à respecter les quantités recommandées sur l’étiquette et ajuster le cas échéant la quantité d’aliments.

Les articles pour chiens sont principalement élaborés à partir de poulet séché.

Tous ces produits ne sont pas exactement équivalents. Certains ont fait l’objet de tests scientifiques indépendants, d’autres pas. Il est souhaitable de demander conseil à son vétérinaire.

La réduction de plaque dentaire que l’on peut espérer est de l’ordre de 20 % et la réduction de tartre de l’ordre de 60 %.

Lorsque le brossage dentaire ou l’application directe d’un gel sur les dents est impossible, la distribution d’articles à mâcher et/ou de croquettes à visée bucco-dentaire permet de pallier quelque peu le manque d’hygiène, sans pour autant atteindre les mêmes résultats. Ils peuvent néanmoins être également utilisés conjointement aux autres mesures d’hygiène.