L’instinct de meute chez les chiens

Bien avant d’être domestique, le chien est un animal social. C’est l’une des nombreuses espèces mammifères qui, comme l’Homme, vit en société. Cette sociabilité s’accompagne forcément d’une organisation hiérarchique.

meute de chiens

Voilà longtemps maintenant que vous employez la notion de meute sans vraiment vous être penchée sur sa définition exacte. Vous savez que cela signifie que les chiens vivent et se déplacent toujours ensemble, à l’image par exemple de la célèbre meute du château de Cheverny ou des chiens nordiques. Cependant, c’est tout. L’organisation, l’utilité, le nombre et même le fonctionnement de la meute sont toujours un grand mystère pour vous… Leçon de rattrape immédiate !

La meute de Cheverny

Le célèbre château de Cheverny, patrimoine mondial de l’UNESCO et source d’inspiration de Hergé pour la création du château de Moulinsart, cache un trésor : une meute de plus de 50 chiens, croisés Fox Hunt anglais et Poitevin français. Véritable attraction des touristes et des locaux, elle éblouit petits et grands. Destinée à la chasse à courre, cette meute reste une référence en la matière. Leurs repas sont de véritables spectacles auxquels vous pouvez assister lors de la visite de ce magnifique château de la Loire.

Aujourd’hui, le terme  » meute  » est surtout utilisé pour désigner les chiens courants, c’est-à-dire participant à la vénerie, héritage millénaire. C’est vers 1.500 av. J.-C. qu’ils font leur première apparition. Pour preuve, des représentations égyptiennes représentent des chasses à courre à la gazelle ou au lièvre. Plus tard, au Moyen-Âge, les Normands et les Celtes reprennent cette pratique. Ensuite, ce sont les rois de France qui perpétuent la tradition. Aujourd’hui en France, 17 000 chiens appartiennent à une de ces meutes.

La vie en communauté

Le chien est un carnivore social. Il vit en meute scrupuleusement organisée. Cette organisation permet non seulement de contrôler les réactions agressives de chacun, mais aussi d’assurer la sécurité de tous les membres de la meute et de leur fournir un cadre rassurant face aux menaces extérieures.

Comme vous l’avez déjà remarqué, les races sont inégales devant l’instinct de meute. Celui-ci reste essentiellement très développé chez les chiens de races primitives, encore proches du loup, à l’image des chiens de traîneaux. Ils ne se déplacent qu’en groupe. Ils aiment cette vie en communauté et en ont besoin. C’est d’ailleurs cette caractéristique sociologique qui rend possible et même facile la cohabitation entre l’Homme et le chien. Une fois adopté, l’animal assimile sa famille humaine à une meute. C’est pourquoi la hiérarchie doit être bien définie et les rôles clairement attribués afin de conserver une structure de référence organisée et cohérente, garante de l’équilibre social du chien. La meute n’est donc ni plus ni moins qu’un groupe familial dont la structure permet de garantir une certaine cohésion sociale entre ses différents membres.

Combien de chiens ?

La taille d’une meute est relativement variable. Elle se compose au minimum de 2 chiens et peut en accueillir jusqu’à 20. Si le nombre devient plus élevé, la meute se scinde alors naturellement en deux groupes distincts.

Le nombre dépend aussi des ressources alimentaires présentes sur le territoire occupé. Les plus grandes meutes évoluent sur un territoire où la nourriture ne manque pas. Car si les chiens ne sont pas du genre à renier l’un des leurs, quand il est question d’alimentation, il n’y a pas de fraternité qui tienne ! Voilà pourquoi le nombre de membres d’une meute varie en fonction de l’abondance de la nourriture. Mieux vaut qu’ils soient 4 et bien nourris que 20 affamés. Cela va de soi et ils l’ont bien compris.

La hiérarchie

Ceux d’entre vous qui considèrent une meute de chiens comme une simple réunion d’individus se trompent… Il s’agit d’une véritable structure pyramidale parfaitement organisée selon le lien dominant-dominé. Chaque chien appartenant à la meute a un rôle bien précis et doit tenir le statut qu’il a en charge. Tous communiquent les uns avec les autres et prennent les décisions en fonction du bien-être de la communauté. Ils sont solidaires et s’aident mutuellement. La plupart des rivalités sont d’ordre hiérarchique, mais se règlent généralement sans violence. La meute est donc une organisation sociale graduée au sein de laquelle les animaux les plus hauts placés disposent de plus nombreux privilèges que les sujets.

Oui chef !

Le chef de meute est le plus haut placé hiérarchiquement et a fortiori celui qui jouit du plus grand nombre d’avantages. Il dort dans l’endroit le plus confortable. Il mange en premier et se régale ainsi des meilleurs morceaux. Il décide quand s’amuser, quand chasser, quand s’accoupler… Un vrai chef ! Cependant, même s’il ne semble pas trop à plaindre, il ne faut pas croire que le chef de meute n’a pas
d’importantes responsabilités ou qu’il mène une vie de pacha. En contrepartie de tous les avantages auxquels il a le droit, le chef a la cohésion et la survie du groupe en charge. C’est aussi sur ses épaules que repose la reproduction de la meute. Le mâle dominant est par ailleurs toujours accompagné d’une femelle du même rang que lui. Ils sont respectés et choyés au même titre qu’un roi et sa reine.

Une organisation pyramidale

Au somment de la pyramide sociale de la meute se placent allègrement le chef bien entendu ainsi que sa chère et tendre. Ensuite, ce sont les vassaux et sujets intermédiaires qui remplissent les autres fonctions. La plupart du temps, ce sont les chiots qui occupent les statuts de vassaux, c’est-à-dire les places de dominés. À l’inverse, le chef de la meute est fort et souvent le plus expérimenté de tous, ce qui explique le respect qui lui est témoigné. Si un des membres de la meute se retrouve en situation difficile lors d’un combat contre un autre animal, il sait qu’il peut compter sur le secours et la protection de son chef. Sa femelle – appelée femelle alpha – est initialement la seule à avoir le droit de s’accoupler avec le mêle dominant. Mais aujourd’hui, ce comportement ne semble valable que chez les loups et quelques chiens nordiques. Les autres meutes n’imposent pas de hiérarchie sexuelle. Chaque membre est libre de se reproduire avec qui il souhaite.

Devenir chef de meute

Le rôle de chef de meute incombe généralement au chien ayant le plus d’expérience. Cependant, beaucoup d’entre eux sont aussi issus de femelles dominantes. Deux possibilités : soit il s’agit d’un pur hasard, soit leur rang hiérarchique génétique entre en ligne de compte, à l’image des dynasties de rois. Il semble plus logique et plus  » animal  » d’opter pour la seconde hypothèse. Et pour cause ! Des signaux odorants, génétiquement programmés, sont susceptibles d’intervenir dans la reconnaissance entre individus et favoriser ceux qui en sont porteurs.

En outre, il va de soi qu’un chiot de haut rang est élevé comme un dominant – mode de communication, comportement… -. Il paraît donc naturel qu’il siège sans trop de difficultés à la place la plus haute de la meute.

La contestation du pouvoir

Bien que le chef de meute soit respecté, il arrive aussi que sa position soit contestée. Cette opposition se termine souvent sur un conflit entre le prétendant au titre et son détenteur. Comment résoudre le problème ? Par un combat pardi !

Plus impressionnant qu’il ne l’est véritablement, le conflit se résume la plupart du temps à une série de mimiques et de simulacres d’attaque. Il dure jusqu’à ce que l’un des deux adversaires s’avoue inférieur et se soumette devant le plus fort. Pour montrer sa soumission, il se couche sur le dos, ventre à l’air et gorge offerte aux crocs de son vainqueur… qui bien entendu n’en fait rien !