Plus de 10 % des chiens développeront une maladie cardiaque au cours de leur vie. Heureusement, les vétérinaires disposent d’un certain nombre d’outils pour les détecter, les diagnostiquer et les traiter.

Les vétérinaires sont équipés pour détecter les signes précoces de nombreuses maladies cardiaques. Les cardiologues vétérinaires proposent des diagnostics et des traitements de pointe qui ont considérablement amélioré la qualité de vie et la durée de survie des chiens atteints.
Un cardiologue vétérinaire a suivi une formation complémentaire d’au moins quatre ans et un processus d’examen rigoureux. Ils offrent un niveau d’expertise plus élevé en matière d’examen physique et de diagnostic cardiaque pour aider à formuler des plans de traitement, de surveillance et, éventuellement, d’intervention pour les maladies cardiaques.
Qu’est-ce qu’une maladie cardiaque et l’insuffisance cardiaque ?
Les maladies cardiaques se définissent comme toute anomalie du cœur, qu’elle soit due à des anomalies structurelles, fonctionnelles ou électriques. Les maladies cardiaques peuvent être classées comme suit :
- Les maladies valvulaires, dans lesquelles les valvules cardiaques ne s’ouvrent pas ou (plus souvent) ne se ferment pas correctement
- La maladie myocardique, dans laquelle le muscle cardiaque pompe trop faiblement ou (moins souvent) ne se détend pas de manière adéquate.
- L’arythmie, qui se traduit par des battements cardiaques trop irréguliers, trop rapides ou trop lents.
- La maladie vasculaire : les vaisseaux sanguins gênent la circulation du sang.
- Les shunts : ouvertures anormales entre le côté gauche et le côté droit du cœur, ou entre les poumons et le corps.
- Des niveaux de sang anormalement élevés ou bas
- Des parasites cardiaques, tels que les vers du cœur, ou des infections.
Les maladies cardiaques peuvent à leur tour entraîner une insuffisance cardiaque. L’insuffisance cardiaque se manifeste de deux manières principales : l’insuffisance cardiaque à faible débit, dans laquelle le cœur ne peut pas pomper suffisamment de sang pour oxygéner les organes, ou l’insuffisance cardiaque congestive, dans laquelle le liquide s’écoule du sang endigué vers les tissus, provoquant une accumulation de liquide dans les poumons ou l’abdomen.
Les signes de l’insuffisance cardiaque à bas débit comprennent l’intolérance à l’effort, la faiblesse et l’évanouissement. Les signes d’insuffisance cardiaque congestive sont la toux, les difficultés respiratoires ou l’accumulation de liquide dans l’abdomen et les pattes. Les cas les plus avancés peuvent également entraîner une coloration bleutée des gencives, des anomalies du rythme cardiaque et une mort subite.
Quels sont les principaux types de maladies cardiaques ?
Les maladies cardiaques peuvent être divisées en plusieurs catégories, notamment les maladies acquises et les maladies congénitales.
Maladies cardiaques acquises
La majorité des problèmes cardiaques sont acquis au fur et à mesure que le chien vieillit. Ils peuvent être divisés en deux catégories : ceux qui affectent les valves cardiaques et ceux qui affectent le muscle cardiaque.
- La valvulopathie mitrale est la maladie cardiaque la plus fréquente, en particulier chez les petits chiens. Dans ce cas, la valve mitrale du cœur ne se ferme pas complètement, ce qui permet au sang de s’échapper vers l’arrière par l’ouverture de la valve. Lorsque cette « régurgitation » est importante, du liquide s’accumule dans les poumons, provoquant des signes d’insuffisance cardiaque congestive. Des arythmies peuvent également apparaître. Heureusement, seuls 30 % des chiens souffrant d’une maladie de la valve mitrale évolueront vers une insuffisance cardiaque. Le traitement vise à réduire ces signes, plutôt qu’à éliminer la cause.
- La cardiomyopathie, mieux connue sous le nom de cardiomyopathie dilatée, est la deuxième maladie cardiaque la plus fréquente chez les chiens, et la plus fréquente chez certaines grandes races. Les muscles cardiaques sont affaiblis et ne permettent pas au cœur de se contracter et de pomper pleinement. Au fur et à mesure que la maladie s’aggrave, les cavités cardiaques s’élargissent, les valves peuvent fuir et une insuffisance cardiaque congestive se développe. Parfois, des arythmies peuvent provoquer une mort subite. Le traitement vise à augmenter la contractilité, à stabiliser le rythme cardiaque et à réduire les signes d’insuffisance cardiaque congestive.
- On parle d’épanchement péricardique lorsque le sac qui entoure le cœur se remplit de liquide, ce qui rend les battements du cœur difficiles. Il peut survenir sans raison connue ou en réponse à une inflammation ou à un cancer du cœur. Il se manifeste par une faiblesse et des difficultés respiratoires et constitue généralement une urgence. Le traitement consiste à utiliser une seringue pour retirer le liquide, mais il n’apporte souvent qu’un soulagement temporaire.
- L’infection par le ver du cœur est l’affection cardiaque évitable la plus courante. Les piqûres de moustiques transmettent les formes immatures, qui migrent vers le cœur et deviennent matures, ce qui finit par perturber le fonctionnement du cœur. La prévention se fait au moyen de médicaments mensuels. Le traitement nécessite une thérapie médicamenteuse prolongée.
Maladie cardiaque congénitale
Moins de 1 % des maladies cardiaques chez le chien sont congénitales, c’est-à-dire que le chien naît avec la malformation. Parmi elles, la persistance du canal artériel et la sténose sous-aortique représentent environ la moitié des cas de malformations cardiaques congénitales.
- La persistance du canal artériel, une ouverture anormale entre deux vaisseaux sanguins importants partant du cœur, est la malformation cardiaque congénitale la plus fréquente. Cet orifice est normal chez le fœtus, mais il se referme normalement à la naissance. Si elle ne se referme pas, le sang n’est pas correctement oxygéné, ce qui peut entraîner une insuffisance cardiaque congestive. Le traitement consiste en une intervention chirurgicale chez les petits chiens ou en la pose de dispositifs d’occlusion par cathéter chez les grands chiens.
- La sténose sous-aortique est la deuxième malformation cardiaque congénitale la plus fréquente chez les chiens. Elle se caractérise par un tissu anormal qui obstrue le flux sanguin juste en dessous de la valve aortique. Le cœur doit travailler plus fort pour pomper le sang au-delà de cette valve, ce qui finit par provoquer l’épaississement et l’affaiblissement du muscle cardiaque. Le traitement se fait à l’aide de médicaments.
- Les autres problèmes cardiaques congénitaux comprennent la sténose pulmonaire, la communication interventriculaire, la communication interauriculaire, la dysplasie de la valve mitrale, la dysplasie de la valve tricuspide, la tétralogie de Fallot, le cor triatriatum et la persistance de l’arc aortique droit.
Comment les maladies cardiaques sont-elles diagnostiquées ?
Le diagnostic d’une maladie cardiaque avant que les signes ne soient évidents peut vous donner une longueur d’avance dans le traitement et retarder la progression de la maladie. C’est l’une des raisons pour lesquelles votre chien doit être examiné chaque année par votre vétérinaire.
Les premiers symptômes d’une maladie cardiaque peuvent être détectés en prenant conscience des changements de comportement de l’animal à la maison et en effectuant des examens de routine chez un vétérinaire de premier recours. Lors de cet examen, si l’on constate un souffle cardiaque ou un rythme cardiaque irrégulier, des tests de diagnostic peuvent être effectués. Les tests initiaux, tels qu’un électrocardiogramme ou une radiographie du thorax, peuvent s’avérer utiles. Les vétérinaires peuvent également effectuer des tests sanguins pour rechercher des marqueurs dans le sang (NTproBNP ou Troponine-I cardiaque) qui peuvent aider à identifier une maladie cardiaque.
Avec la compréhension progressive, ces dernières années, de la nature familière de nombreuses maladies cardiaques, il existe certains marqueurs génétiques de maladies cardiaques qui peuvent également être évalués (chez le Doberman, ou chez le Boxer, par exemple).
Les outils de diagnostic les plus couramment utilisés sont les suivants :
- L’auscultation, c’est-à-dire l’écoute à l’aide d’un stéthoscope, permet de détecter les souffles qui indiquent une maladie valvulaire et peuvent également indiquer une éventuelle arythmie. La prise du pouls, généralement au niveau de l’artère fémorale, est souvent associée à l’auscultation.
- Les radiographies permettent de détecter une hypertrophie du cœur ou un remplissage du sac péricardique par du liquide
- Un électrocardiogramme enregistre l’activité électrique du cœur de votre chien afin de détecter les troubles du rythme cardiaque. Cet examen est réalisé lorsque le chien est éveillé et les résultats peuvent être envoyés pour être interprétés par un spécialiste.
- Un moniteur Holter est un électrocardiogramme portable que votre chien porte pendant 24 heures à la maison, ce qui permet de détecter les problèmes de rythme sur une plus longue période et de les mettre en corrélation avec l’activité de votre chien.
- Un cardiologue peut effectuer un échocardiogramme, qui utilise des ultrasons pour visualiser les valves cardiaques, la force de contraction du cœur, l’épaisseur des parois cardiaques et la régurgitation au niveau des valves.
- Les analyses de sang et d’urine permettent de détecter les vers du cœur, les marqueurs des maladies cardiaques ou l’état d’autres organes susceptibles d’affecter le cœur ou d’être affectés par lui.
- La pression artérielle peut être mesurée, mais elle est plus difficile à prendre chez les chiens que chez les humains.
Comment traite-t-on les maladies cardiaques ?
La plupart des traitements visent à contrôler les signes, plutôt qu’à guérir la maladie. Un exercice limité est généralement suggéré pour la plupart des affections. L’objectif est d’éviter que le cœur ne soit trop sollicité.
Les régimes alimentaires pauvres en sodium sont importants pour prévenir l’accumulation de liquide dans l’insuffisance cardiaque congestive. L’ampleur de la restriction sodique dépend de la gravité de l’affection. Un cardiologue est le mieux placé pour vous conseiller en matière de régime.
Les interventions chirurgicales se limitent généralement à l’implantation de stimulateurs cardiaques pour les chiens dont le rythme cardiaque est irrégulier ou lent, et à la chirurgie ou à la thérapie par ballonnet pour l’ADP (adénosine diphosphate). Cette situation est toutefois en train de changer.
Une nouvelle procédure par cathéter est proposée dans certaines cliniques vétérinaires pour aider à traiter la maladie valvulaire dégénérative la plus courante chez les chiens.
Les médicaments cardiaques couramment utilisés sont les suivants :
- Le furosémide, qui aide l’insuffisance cardiaque congestive en éliminant l’excès de liquide, en particulier dans les poumons. Il permet à votre chien d’uriner davantage, mais augmente également sa soif.
- L’énalapril et le bénazépril sont des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine qui réduisent la pression artérielle et augmentent le débit cardiaque.
- Le sotalol ou la mexilétine aident à stabiliser les arythmies.
- Le pimobendan, vendu sous la marque Vetmedin, aide les muscles cardiaques à se contracter. Il est souvent prescrit pour la cardiomyopathie.
- La spironolactone est un diurétique léger qui semble augmenter la durée de vie des chiens atteints de valvulopathie mitrale.
- La digoxine peut être utilisée pour améliorer à court terme la fonction cardiaque.
- Le Vetoquinol est un nouveau médicament pour les chiens, utilisé avec d’autres médicaments cardiaques pour aider à réduire l’accumulation de liquide dans les poumons due à l’insuffisance cardiaque congestive.
- Les suppléments contenant des ingrédients tels que la taurine et la L-carnitine peuvent améliorer la fonction cardiaque.
Cette liste est loin d’être exhaustive et de nouveaux médicaments sont introduits en permanence. Les médicaments doivent être administrés sous la direction d’un cardiologue vétérinaire, car certains peuvent être contre-productifs s’ils sont administrés avant d’être vraiment nécessaires, et d’autres peuvent avoir un impact négatif sur la qualité de vie.
Conclusion
La prévention, la détection et le traitement précoces sont les meilleures armes. Les soins préventifs comprennent l’utilisation d’un traitement préventif contre les vers du cœur, le maintien de la forme physique de votre chien et un régime alimentaire équilibré.
Certaines carences nutritionnelles et certains types d’alimentation ont été associés au développement de maladies cardiaques. Il est donc impératif de travailler avec votre vétérinaire pour choisir une alimentation équilibrée pour votre chien.
Si votre animal appartient à une race à risque pour les maladies cardiaques (Doberman Pinscher, Cavalier King Charles Spaniels et bien d’autres races), il est également recommandé de vérifier la présence de mutations génétiques et de surveiller attentivement l’apparition de maladies cardiaques.