Nos obligations quotidiennes ne nous permettent pas toujours de lui donner toute l’attention qu’il mérite.
Souvent seul la journée, notre chien reste inactif de longues heures et finit par s’ennuyer : fatigue constante, aboiements, destructions, trous dans le jardin, fugues… Cet article va vous éclairer sur ses états d’âme et nous vous donner les clés pour l’occuper.
Notre absence est toujours synonyme de vide émotionnel pour un chien, mais certains plus que d’autres peuvent très mal vivre la solitude.
S’il provient d’un élevage médiocre (plusieurs races, chiots parqués dans un box, absence de stimulation…), notre animal aura plus de difficultés à surmonter notre absence.
Les relations que nous entretenons avec lui vont aussi déterminer ses capacités à gérer la solitude, mais n’imaginez pas, comme certains le conseillent, que l’on doive cesser de montrer à notre toutou qu’on l’aime pour qu’il se sente mieux.
Il se mutile
L’onychophagie (le fait de se ronger les ongles) est une automutilation compulsive qui peut conduire à des problèmes très graves et, comme le léchage des pattes, s’avère bien souvent d’origine comportementale : le chien peut se lécher par désœuvrement, s’il reste seul et/ou inactif durant une trop longue période…
Et il n’est pas rare que d’autres comportements accompagnent l’onychophagie ou les léchages de pattes tels que les destructions, les aboiements excessifs, les éliminations dans l’habitat…
L’intervention d’un comportementaliste peut être d’une grande aide afin de déterminer ce qui, dans notre quotidien, ne convient pas à notre chien et le pousse à se mutiler.
Empêcher mon chien de pleurer lorsque je m’en vais
Il n’est pas question d’« empêcher » l’animal d’adopter un comportement, mais bien de comprendre ses motivations pour l’aider à mieux vivre le quotidien et faire qu’il ne ressente plus le besoin de se comporter ainsi pour palier à sa détresse.
A-t-il pour habitude d’être continuellement avec nous ? Il peut alors chercher à tout prix à nous rejoindre. S’ennuie-t-il ? Peu ou pas stimulé, il peut tenter de combler ce manque d’activité. Lui a-t-on appris à gérer la solitude ?
Gémissements, hurlements, grattages et destructions peuvent être les manifestations de sa détresse. C’est à l’humain qui s’occupe de lui de se montrer responsable et de lui montrer la voie à suivre.
Il aboie
Un comportement est une réponse, il convient donc de comprendre précisément les raisons qui poussent notre animal à se déployer ainsi. Le chien aboie principalement pour exprimer ses émotions et, s’il ne parvient pas à tempérer ses vocalises, c’est certainement qu’il ne jouit pas d’un bon équilibre émotionnel. Il peut ainsi signifier son ennui, sa solitude, sa détresse, sa frustration, sa peur…
Si ses conditions de développement précoce et ses expériences vécues jouent un rôle prépondérant, nous pouvons également l’avoir encouragé de manière inconsciente en manifestant notre intérêt pour lui à chaque aboiement, créant ainsi un nouveau mode de communication entre lui et nous.
Il retourne le jardin
Creuser est naturel et normal pour un chien. C’est un comportement instinctif qui survient surtout chez certaines races élevées pour débusquer les terriers pendant la chasse. Le chien est prédisposé à creuser, c’est un besoin.
Retourner la terre est olfactivement irrésistible pour un canidé et il est difficile de le convaincre d’arrêter. Il y a différentes raisons qui poussent un chien à creuser et l’ennui, le manque de stimulation, sont les plus fréquentes.
Par exemple, notre chien peut vouloir avoir accès à des éléments intéressants tels que nourriture et os, mais aussi jouets enterrés, crottes de chats, graines, racines, larves, rongeurs, taupes, vers de terre…). Il peut avoir envie de s’échapper en passant par-dessous le grillage. Ou s’il est seul toute la journée sans aucune distraction, il est normal qu’il cherche à s’occuper.
Il n’a pas à être puni pour creuser dans le jardin, ce comportement est naturel. Nous n’avons pas non
plus à l’en empêcher, ce comportement est un besoin. À nous de trouver la méthode qui convient le mieux.
Le laisser vivre dehors ?
Un chien est un être social, c’est-à-dire qu’il a besoin de contacts et d’échanges. Laisser un chien vivre à l’extérieur, c’est non seulement aller contre sa nature, mais c’est aussi le livrer à lui-même. L’endroit où il va vivre va le conditionner.
En lui laissant notre jardin à garder, il y a des chances pour qu’il prenne son rôle de gardien très au sérieux. Il y a aussi des chances pour qu’il s’y ennuie.
Pourront alors découler certains problèmes de comportements comme des trous dans le jardin, des fugues, des aboiements excessifs ou encore des conduites agressives. N’ayant jamais partagé de moments privilégiés avec nous, il pourra également être moins enclin à vouloir jouer ou à rechercher les caresses… Est-ce ce que l’on recherche ?
Il fugue tout le temps
Les chiens qui fuguent ont toujours une bonne raison de le faire. Une femelle en chaleur peut être un élément déclencheur tout comme les odeurs stimulantes (surtout si sa race l’y prédispose), l’envie de grands espaces, l’ennui, le besoin de se dépenser…
Prendre un autre animal
On imagine souvent qu’un animal peut s’ennuyer, voire détruire, parce qu’il est seul. Cette logique est propre à l’homme et l’incite à croire qu’une présence canine peut contrer les comportements dérangeants de son chien.
La venue d’un nouvel animal, de la même espèce ou d’une nouvelle peut être un bouleversement pour celui qui partage votre vie depuis des années. Si notre chien fait des « bêtises » lorsque nous sommes absents, ce n’est pas forcément qu’il s’ennuie et qu’il a besoin d’un congénère.
S’il a pour habitude d’être continuellement avec nous, il peut être frustré de ne plus l’être et chercher à tout prix à nous rejoindre (en s’en prenant le plus souvent aux issues). Nous remplissons tellement son quotidien que de se retrouver seul peut le faire passer d’un extrême à l’autre.
Cette détresse de manque le pousse à tout renverser dans la pièce pour tenter d’obtenir cette réponse dont il a tant l’habitude. Il ne sait pas gérer la solitude, car personne ne lui a jamais appris.
Gémissements, aboiements, hurlements, grattages et destructions sont les manifestations de sa détresse. Il peut également rechercher notre présence en s’en prenant à tout ce qui porte notre signature olfactive pour s’apaiser (télécommande, vêtements, téléphone…).
Dans tous les cas, c’est notre relation avec lui qui est à revoir. Penser résoudre les problèmes de comportement de notre toutou actuel en en prenant un second est une aberration. Au contraire, on voit même bien souvent la situation empirer.
Si le désarroi de notre chien est lié aux conditions de vie qu’on lui impose, qu’en sera-t-il du second ? Les chiens s’observent, les petits reproduisent les comportements des grands par mimétisme parce qu’ils sont un modèle : le mimétisme fonctionne dans les deux sens.
Attention aux idées reçues, colportées encore aujourd’hui : les soucis rencontrés avec son chien ne disparaîtront pas avec l’arrivée d’un nouvel animal. En plus, une adoption est souvent source de stress pour l’adopté ainsi que pour le résident. Cette arrivée ne peut donc en aucun cas être d’un quelconque secours pour les problèmes rencontrés avec son animal.
Assurer son choix
Si nous sommes certains de devoir lui prendre un compagnon, il faudra tenir compte des animaux en question, de leur âge, de leur caractère, de leurs conditions de développement précoce, de leur vécu et leur sensibilité…
Sont-ils sociables ? Connaissent-ils les codes de leur espèce ? Auront-ils assez d’espace ? Notre chien n’est-il pas trop attaché à nous pour accepter un congénère, parfois en concurrence ? Si l’on choisit un chiot, n’est-il pas trop âgé pour supporter la présence d’un chiot fougueux ? Est-il assez vif pour jouer encore, ou au moins, s’adapter à sa venue ? Et dans les deux cas, accepte-t-on l’idée qu’il
existe toujours un risque d’incompatibilité ? Que fera-t-on s’ils ne s’entendent pas ?
Tout dépend également de nous : saurons-nous subvenir aux besoins d’un second animal ? Aurons-nous assez de temps à lui consacrer ? Sommes-nous capables d’assumer les promenades, les absences, les vacances ?
Et un chat ?
Dotés de natures et de codes de communication différents (regards, postures, mimiques) pouvant avoir des significations opposées, il y a fréquemment des malentendus entre les chiens et les chats… l’entente ne coule pas de source !
Pour éviter qu’ils soient ennemis dès les premiers contacts, une familiarisation précoce des deux espèces l’une à l’autre dès leurs premières semaines de vie, aura apporté de grandes chances d’avoir une cohabitation sereine plus tard.
On pourra donc questionner le naisseur pour savoir s’il a fait vivre aux petits des expériences de rencontres satisfaisantes avec l’autre espèce dès leurs premières semaines de vie. Pour maximiser les chances d’une entente correcte, voire amicale, on peut envisager de prendre un chiot, lorsque l’on a déjà un chat adulte.
Il est beaucoup plus difficile d’amener un chat dans un foyer où vit déjà un chien adulte, surtout s’il n’a
pas été habitué à supporter la présence d’un félin.
Pour faciliter l’entente dès la première rencontre, quelques règles à suivre : Ne les forçons pas à s’approcher l’un de l’autre ! Laissons du temps à chacun pour s’habituer à la présence de l’autre, à son odeur, à ses déplacements dans l’habitation, etc. Offrons-leur des refuges (pièces de repli, espaces en
hauteur…).
Un NAC ( nouveaux animaux de compagnie) ?
Lapin, furet, chinchilla, rat, tortue… ne deviendront probablement pas ses meilleurs amis. Refuser de considérer la nature de prédateur (celui qui chasse) ou de proie (celui qui est chassé) des animaux et s’obstiner à les faire cohabiter malgré des difficultés ne peut donner de bons résultats.
Cependant une cohabitation harmonieuse est possible quand elle est facilitée par la rencontre des animaux dès leur plus jeune âge, à condition de respecter les natures de chacun et de ne surtout pas forcer les contacts.
Le mettre au sport ?
Pas forcément ! Le simple fait d’aller le promener constitue une activité exploratoire exceptionnelle… à condition qu’on lui laisse la liberté de flairer à sa guise ! Flairer demande au chien de faire appel à toutes ses facultés. Un chien à qui l’on donne la possibilité d’explorer va concentrer beaucoup d’énergie dans cette tâche.
Maintenant, si notre mode de vie nous le permet, on peut pratiquer une activité sportive avec notre fidèle ami. Mais cela se fera toujours en fonction de son âge, sa race, sa condition physique, son état de santé et ses capacités émotionnelles. Le sport doit incarner une notion de jeu et de plaisir, pas de contrainte et d’épreuve ! Cyclisme ? Course ? Nage ? Ski de fond ? Canicross ? À nous de trouver l’activité qui nous
ressemble.
Et au jardin ?
Si notre compagnon à quatre pattes s’ennuie et qu’il creuse, aboie, détruit, fugue ou se mutile, voici une liste de conseils qui pourront l’aider à se sentir mieux dans ses coussinets : Lui trouver un exutoire.
S’il creuse, alors l’encourager à ne creuser qu’à un seul endroit. On pourra lui offrir un enclos rien qu’à lui où il pourra s’adonner à son passe-temps favori, ou alors pourquoi ne pas lui construire un bac à sable pour qu’il gratte, creuse, cache des choses, se roule dedans. En rendant une partie du jardin plus intéressante en y enterrant des objets odorants (os de bœuf) ou des objets de « valeur » (jouet, os, balle), cela le motivera à ne creuser qu’à un endroit, ce qui peut être un excellent compromis.
Bien sûr, cet espace lui étant exclusivement réservé, aucun enfant ne devra y jouer et on évitera de le réprimander s’il met un peu de sable à côté… Ce doit être un lieu de plaisir et de distraction !
Les promenades
Faire des promenades avec lui est essentiel. Il aura ainsi l’occasion de flairer des odeurs intéressantes et de « s’aérer l’esprit ». Le promener plus souvent et plus longtemps même s’il a un jardin. Parce qu’une fois qu’il en a fait le tour 100 fois, il le connaît par cœur. Nous devons absolument le faire sortir de sa prison grillagée plusieurs fois par semaine afin d’assurer son bon équilibre.
Nous n’avons généralement pas le choix de laisser notre toutou seul, mais quand il s’agit de 10 heures, ce n’est pas sain. Et ça ne le serait pour personne ! Faisons au moins en sorte qu’il puisse se dégourdir les pattes en demandant à quelqu’un (si nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes) de venir le sortir en
milieu de journée.
De plus, ça lui évitera de se retenir trop longtemps ce qui finit par engendrer des problèmes rénaux. Resterait-on toute une journée sans aller aux toilettes ?
Les rituels de départ et d’arrivée
Quand le chien n’aime pas rester seul, nous devons lui commencer à le lui apprendre quand nous sommes chez nous en commençant par vaquer à nos occupations (ménage, douche, cuisine…) et en faisant comme s’il n’était pas là : il doit devenir autonome pour pouvoir gérer les absences.
Revoyons aussi nos rituels de départ et d’arrivée et ne nous occupons pas de lui durant les 5 minutes qui
précèdent et suivent nos sorties. L’objectif est de faire comprendre à l’animal que les absences font partie du quotidien et qu’il n’a aucune raison d’angoisser. En banalisant le départ et en adoptant un comportement neutre, on lui montre que cet épisode de la vie est normal.
Les os
Pensons également à lui laisser de quoi s’occuper pendant nos absences, offrons-lui des distractions. Le plaisir que procure un os véritable est immense pour nos chiens : olfactivement parlant (bien plus attirant que d’autres saveurs artificielles) et aussi pour ses gencives et sa dentition.
En effet, plaque dentaire, tartre et déchaussement des dents sont présents chez 85 % des animaux
familiers nourris à l’alimentation industrielle (qui ne permet pas leur entretien). Des os charnus (avec la viande autour) ou en cuir sont tout à fait indiqués.
Des jouets variés et attrayants
Même si cela nous fait plaisir de lui en acheter en quantité industrielle, il est inutile de les disperser à même le sol, notre chien les ignorera probablement.
Par contre, il est bon de les alterner : on en donne 3 ou 4 à Médor et on range les autres de manière à les ressortir un autre jour pour créer de la nouveauté.
Pour ce qui est du type de jouet, tout dépend de son caractère, mais le plus souvent, peluches et autres jouets facilement déchiquetables (et donc ingérables) sont à éviter.
Privilégions alors les jouets solides et creux que l’on peut remplir de substances appétantes de type Kong. Par exemple, pourquoi ne pas laisser 3 jouets remplis de 3 saveurs différentes (fromage à tartiner par exemple) ?
On peut aussi utiliser des cordes à nœuds (enduites de pâté pour les rendre intéressantes), des boîtes à l’intérieur desquelles on place de la nourriture ou encore des jeux « intellectuels » qui font appel à sa réflexion. C’est l’une des activités qui consomme le plus d’énergie. Le chien devra pousser, gratter, chercher… un excellent moyen de stimuler sa matière grise !
Seul… ou à deux !
Qui dit jouet dit aussi jeu. Et qui dit ennui dit besoin de contact. Alors si le chien sait jouer seul, on peut aussi jouer avec lui ! Lancé de balles, de frisbee, de ballons, de bâtons, mais aussi jeu de piste, cache-cache, jeux de discrimination d’objets (couleurs, formes…), d’odeurs…
Pour se divertir, un chien a surtout besoin de la présence de son maître : aucun objet ne peut le remplacer. Et peu importe les jeux que l’on choisit, ils doivent toujours être synonymes de plaisir. Bien menés, ces moments renforceront les liens qui nous unissent à lui et feront de notre canidé un compagnon équilibré.
Laisser la radio ou la télévision ?
Ce type de rituel n’a généralement aucun effet sur l’ennui du chien, ce qui est logique : ce n’est pas d’un bruit de fond inconnu dont il a besoin. D’ailleurs, on a rarement vu des chiens à l’oreille musicale ou fan de série télé. Cependant, il existe des canidés réagissant à certaines images véhiculées par le petit écran… Laisser la télévision allumée fait plus plaisir aux propriétaires qu’à leurs chiens.
Pour se divertir et vaincre l’ennui, notre chien a surtout besoin de notre présence : aucun objet ne peut nous remplacer. Il est de notre devoir de proposer à notre ami un environnement riche et stimulant.
Après de nombreuses heures passées à nous attendre, il est de notre devoir de passer du temps avec lui une fois rentré chez nous. N’oublions pas que c’est un être vivant que nous avons adopté, pas un jouet en plastique.
Les colliers anti aboiements
Ce type de colliers envoie des décharges électriques, des ultrasons ou de la citronnelle au chien. Contrer
un comportement à l’aide d’un quelconque accessoire ne consiste pas agir sur ses racines, mais uniquement sur la partie visible.
Les méthodes répressives utilisées ne sont alors qu’illusion (tout comme l’est le fait de désodoriser une pièce pour en masquer une odeur nauséabonde sans pour autant chercher sa provenance).
Les raisons qui poussent notre chien à aboyer doivent simplement être comprises pour mieux être gérées. En plus de ne pas venir à bout des problèmes d’aboiements, ces colliers sont source de stress pour nos chiens (il n’est d’ailleurs pas rare qu’ils paniquent rien qu’à leur vue).
Outre l’odeur insupportable de la citronnelle qui perdure plusieurs heures après projection (n’oublions pas que le chien a l’odorat un million de fois plus développé que l’homme) ou les ultrasons, le chien ne peut comprendre d’où vient la douleur du collier électrique et peut, dans l’affolement, s’en prendre à ce qui l’entoure (chien, propriétaire, enfant…). L’électrocution n’est définitivement pas une méthode appropriée, la compréhension et le respect oui.
Est-il déprimé lorsqu’il reste seul ?
Laisser Milou seul durant un certain temps (plus long que d’habitude) demande un effort d’adaptation. Le manque qu’il ressent à ce moment-là génère une émotion plus ou moins forte selon sa sensibilité.
Mais quand il s’agit d’absences quotidiennes, elles font partie de la vie de tous les jours et notre chien devrait (normalement) les supporter.
Si notre chien gère mal ses émotions ou s’il n’est pas habitué à être seul, notre absence sera difficile à gérer pour lui et notre retour sera synonyme de période de réadaptation qui lui demandera un nouvel effort, ce qui peut créer un trop-plein d’émotions.
Rassurons-nous donc, il ne nous en veut pas et ne nous « boude » pas, c’est simplement que notre compagnon à quatre pattes a besoin d’un temps de compensation.