Un chien malpropre, sensible aux mouvements, coprophage, qui a peur de l’extérieur, des bruits de la maison, des humains, des véhicules, qui se mutile, qui aboie excessivement, qui ne s’entend pas avec ses congénères ou encore qui est agressif, est très certainement un animal qui n’a pas eu la possibilité de bénéficier de bonnes conditions d’élevage.
Pour un chien socialement carencé, tout est principalement question de temps, de patience et d’habituation.
Pour commencer, ne le forçons pas à subir une situation qui l’effraye. Le risque de briser la confiance qu’il a en nous et de créer un traumatisme supplémentaire est bien réel.
Le mieux est de rester neutre, calme et d’éviter tous les gestes ou mots qui viendraient justifier sa peur. S’il n’y a aucune réaction de notre part, il n’y a forcément aucune raison de s’inquiéter.
Prenons quelques exemples :
L’extérieur le terrorise
Nous devons absolument prendre en compte son âge.
S’il s’agit d’un chiot fraîchement arrivé, ce n’est qu’un bébé qui nous connaît depuis très peu de temps et qui vient de perdre tous ses repères. Imaginons deux secondes à quel point cela
doit être difficile pour lui.
Sinon, s’il provient d’un élevage isolé et/ou que ses conditions de développement ont été mauvaises, il n’est pas étonnant que l’extérieur l’effraye. En effet, s’il fait tout pour ne pas sortir (de peur ? de stress ?) alors que les retours se passent toujours sans problème, ne cherchons pas plus loin…
Notre chien panique d’affronter le monde extérieur ! Nous devons l’aider à prendre confiance en ce qui l’entoure et ce n’est pas à base d’impatience ou de coups sur la laisse que nous y parviendrons.
Choisissons un lieu calme (pas de chien, pas d’humain, pas de bruit) et laissons y évoluer notre compagnon à quatre pattes.
Nous devons lui montrer qu’il n’a aucune raison d’avoir peur et que l’extérieur est rassurant. C’est seulement ensuite que nous pourrons commencer à ajouter des stimuli à nos balades (personne, animal, bruit…). Tout cela devra se faire doucement, dans le respect des fragilités de notre toutou.
N’usons jamais de punition s’il attend d’être rentré pour se soulager ! L’extérieur le stresse tellement qu’il se bloque, seul le fait de se retrouver dans un lieu familier lui permet de se détendre un peu… alors, faisons preuve de compréhension.
Il n’aime pas les autres animaux
S’agit-il de tous les animaux ou bien de certaines espèces ? S’agit-il des mâles, des femelles, de certains gabarits ? Cela se passe-t-il à l’extérieur ou derrière un grillage ? Quels effets cela a-t-il sur lui (mutisme, aboiements, grognements, gencives découvertes…) ? La réponse variera, entre autres, en fonction de ces précisions…
Selon son âge, son seuil de tolérance, ses capacités d’adaptation et sa sensibilité, on peut éventuellement envisager des mises en contact minutieusement organisées avec certains animaux pour y remédier.
Mais ce qu’il faut aussi savoir c’est que la laisse est une entrave qui peut l’empêcher de fuir en cas de peur, lui laissant deux solutions : l’immobilisation ou la menace. Détaché, il pourrait se révéler être un tout autre chien.
Il a peur en voiture
Voyager avec Médor peut être un véritable plaisir, mais cela peut également relever du défi (voire du cauchemar) s’il ne supporte pas la voiture.
Des méthodes adaptées, basées sur l’habituation et la désensibilisation, aideront notre compagnon à quatre pattes à surmonter son angoisse. C’est à nous de faire preuve de compréhension et de patience vis-à-vis de lui.
Sa place doit être à l’arrière, sur la banquette (avec une ceinture de sécurité adaptée) ou dans le coffre (avec une barrière de protection ou un filet de sécurité), mais en aucun cas entre nos jambes ou sur le siège avant passager.
C’est dans un lieu sécurisé (jardin, cour) que vont débuter les exercices.
La voiture doit être toutes portes ouvertes et moteur éteint.
Servons-nous de friandises ou de son jouet préféré (selon ses préférences) pour l’amener jusque dans la voiture et répétons l’exercice sur plusieurs jours. Plus tard, nous pourrons passer à la fermeture des portes qui devra se faire graduellement, une par une, et sur plusieurs jours.
Lorsque notre compagnon à quatre pattes sera capable de rester calme dans la voiture fermée, nous pourrons alors mettre le contact. Cette étape devra se faire portes ouvertes, de manière à lui laisser la possibilité de sortir s’il en ressent le besoin et toujours avec l’aide de friandises ou de jouets.
Comme précédemment, nous procéderons graduellement à la fermeture des portes du véhicule. Une fois que notre toutou ne manifestera plus de signe d’inquiétude, nous pourrons effectuer quelques mètres avec lui à l’arrière, en augmentant peu à peu les distances parcourues.
N’oublions pas de rester neutres et de l’ignorer : ne le caressons pas, ne lui parlons pas et ne le regardons pas. Notre simple présence suffit à le rassurer.
Laissons-lui quelque chose pour l’occuper afin de faciliter les trajets comme un os ou un jouet creux tartiné de nourriture appétissante.
N’allons pas trop vite sous peine de rendre impossible cet apprentissage. C’est à force de patience et de persévérance que nous aiderons notre fidèle ami à vaincre sa peur.
Il a peur des hommes
Toute contrainte exercée sur lui peut s’apparenter à de la violence : ses émotions doivent être prises en compte. Et parce que nous devons respecter sa sensibilité et agir au mieux pour lui, ne l’obligeons pas à supporter ce qui le panique tant.
Ce que nous pouvons déjà faire, c’est soulager le stress de notre chien en l’isolant lors des arrivées des visiteurs.
N’assimilons pas cette méthode à une punition, mais tout simplement à une manière de le préserver de toutes ces tensions vécues autour des étrangers.
Quand nous recevons du monde, invitons-le au préalable à nous suivre dans une autre pièce aménagée pour lui (panier, jouets, eau…) et, pourquoi pas, laissons-le tranquille jusqu’au départ des invités.
Sinon, assurons-nous qu’il puisse disposer d’une aire de repos où personne ne fera intrusion et prévenons nos hôtes de le laisser tranquille : on n’ira pas à lui, on le fera venir à soi.
Laissons-le flairer à sa guise sans geste ni regard allant à son encontre. Il doit pouvoir se sentir libre de ses mouvements et comprendre que la présence d’humains n’est pas synonyme de
contrainte.
Il est agressif
Déjà, il convient de rappeler que tous les chiens peuvent mordre : ils ont tous des dents !
L’agressivité est généralement ritualisée, c’est-à-dire que l’animal donne des signes avant-coureurs.
Malheureusement, ces signaux sont souvent mal perçus, minimisés, voire ignorés. Ne pas prendre en compte une menace, c’est signifier notre envie d’en venir à la bagarre.
Pour comprendre ses motifs à devenir agressif, il faut connaître les émotions qui l’animent : peur, stress, douleur, frustration, apprentissage… et dans quel contexte, avec qui, à quelle fréquence…
Toute agression a ses raisons qui doivent être analysées avec exactitude pour un bilan précis.
En tant qu’humains, nous nous devons de désamorcer la situation en prenant absolument en compte les signaux envoyés par notre toutou.
À chaque menace, cessons immédiatement ce que nous faisons et laissons-le tranquille. Ainsi, nous lui montrons que nous le comprenons, que nous ne voulons pas en venir au conflit et qu’il n’a aucune raison de s’angoisser.
Une méthode adaptée à la sensibilité de notre compagnon à quatre pattes pourra nous être conseillée par un comportementaliste certifié.
Pour conclure
Cette période de socialisation est capitale pour le chiot et plus les expériences seront riches et multiples, plus il sera bien équilibré à l’âge adulte.
Ne pas lui permettre de faire la rencontre d’humains jeunes, vieux, blancs, noirs, handicapés, d’animaux, de voitures ou encore de vélos, c’est exposer au plus grand stress le chiot qui en ferait l’expérience trop tardive.
Mais même si les origines de l’animal ont une forte influence sur son comportement futur, elles ne font pas tout.
Il est plus fréquent qu’un chien provenant d’un élevage médiocre ne soit pas équilibré, mais le contraire peut aussi arriver.
Ayons conscience que tout n’est peut-être pas possible et que nous ne ferons pas forcément de notre chien « un chien tout terrain ».
Toutefois, en étant bien informés et sérieusement conseillés par un comportementaliste certifié, nous pouvons aider notre chien à se soulager de tout ce stress et à vivre une relation plus sereine avec lui.