Les crises d’épilepsie chez le chien sont souvent impressionnantes : l’animal convulse, bave, tremble et perd connaissance… pour réagir de manière efficace, faisons le point sur les symptômes, causes et traitements à mettre en place.

Qu’est-ce que l’épilepsie ?
L’épilepsie, ou manifestation épileptiforme est la conséquence d’une activité électrique anormale du cerveau. Cette maladie nerveuse évolue avec le temps. Les premières crises peuvent passer inaperçues pour augmenter ensuite au fil des années.
Si cette anomalie n’affecte qu’une partie limitée du cerveau, en fonction du rôle de cette dernière, l’animal pourra ne présenter que l’un des signes suivants : perte de connaissance, comportement anormal, contractions rythmiques de la face, des mâchoires, d’un membre…
Si cette anomalie affecte une grande partie du cerveau, le chien présentera une altération de l’état de conscience et des convulsions : il se cache ou divague sans but précis, il semble perdu puis tombe sur le flanc. L’animal tremble et présente des mouvements désordonnés — on dit qu’il « pédale » — il est susceptible de saliver et/ou d’uriner et de déféquer durant la crise, relativement brève (quelques secondes à plusieurs minutes). Petit à petit, les convulsions diminuent d’intensité puis disparaissent, et le chien reprend un état tout à fait normal, presque comme si rien ne s’était passé. Parfois, il a l’air un peu hébété.
L’activité électrique anormale peut être déclenchée par :
- Une lésion du cerveau (traumatisme, malformation, accident vasculaire, inflammation, tumeur…).
- Une anomalie sanguine entraînant un dysfonctionnement cérébral (hypoglycémie, insuffisance hépatique…).
- Un dérèglement du contrôle électrique de certains neurones. Cette forme, appelée « épilepsie primaire » est la plus fréquente.
Lorsqu’on ne peut pas déterminer une cause connue, on dit qu’il s’agit d’une épilepsie essentielle (ou épilepsie primaire, épilepsie idiopathique).
L’épilepsie essentielle apparaît toujours avant l’âge de trois ans. Lors d’épilepsie primaire ou d’origine indéterminée, un traitement de
fond stabilisateur (antiépileptique) doit être mis en place pour assurer au chien épileptique une qualité et une espérance de vie normales.
Objectif thérapeutique
Le traitement consiste en l’administration de gouttes ou de comprimés toute la vie de l’animal, quotidiennement. Le plus souvent, des barbituriques sont prescrits.
Quelques crises peu fréquentes et peu intenses sont souvent préférables par rapport à une administration journalière (et donc astreignante) de médicaments qui sont des barbituriques (et qui ont comme effet secondaire de rendre l’animal moins vif, et d’avoir une toxicité potentielle pour le foie).
Le but du traitement est de stabiliser l’animal en :
- Diminuant le nombre, l’intensité et la durée des crises quand elles se produisent (dans le cas d’épilepsie essentielle, une crise par mois est fréquemment considérée comme tolérable, et ne nécessite pas forcément de traitement. Si les crises deviennent très fréquentes, plusieurs fois par mois, elles peuvent être dangereuses pour l’animal, car le cerveau souffre à chaque crise).
- Raccourcissant la phase de récupération nécessaire après une crise.
L’objectif défini avec le vétérinaire n’est généralement atteint qu’après une à deux semaines, temps nécessaire pour obtenir une efficacité du traitement et la disparition d’éventuels effets indésirables (tendance à manger, boire et uriner plus, état de somnolence, difficulté à se déplacer…)
Le vétérinaire va fixer un objectif à atteindre (création d’un tableau précisant les conditions de déclenchement, l’intensité de chaque crise survenue : faible, moyenne, intense ; ainsi que leur fréquence et leur durée).
Un respect attentif des règles d’utilisation des médicaments prescrits est nécessaire au bon contrôle de votre chien.
Si votre animal ne présente plus de crise durant plus de six mois, le vétérinaire pourra envisager une réduction, voire dans certains cas, un arrêt du traitement.
Si, au contraire, l’objectif thérapeutique n’est pas atteint (crises trop nombreuses, trop intenses…), une nouvelle visite chez le vétérinaire doit être prévue pour rechercher un meilleur contrôle.
Les autres causes de convulsions
Les causes métaboliques
Une insuffisance hépatique : le foie est malade et ne peut plus éliminer facilement les toxines de l’organisme, responsables de ce genre de symptômes.
On trouve ce problème particulièrement chez les jeunes chiens (chiots ou jeunes adultes). C’est une pathologie congénitale (malformation du fœtus pendant la gestation) qui est due à une mauvaise vascularisation du foie qui n’est alors pas entièrement fonctionnel : seule la partie où des vaisseaux sanguins arrivent et repartent peut fonctionner.
Le foie a comme fonction principale de détoxifier l’organisme des substances liées au métabolisme (fonctionnement) de l’organisme : il transforme les déchets en ammoniaque puis en urée qui est éliminée ensuite par les reins dans l’urine.
Les déchets lorsqu’ils ne sont pas rapidement et totalement éliminés peuvent entraîner des troubles comme des tremblements ou une salivation importante.
Cette anomalie, plus fréquente chez les chiens de petite race, ne se manifeste pas dès le plus jeune âge du chiot.
En effet, la zone vascularisée (fonctionnelle) son foie est capable de compenser et est assez active pour éliminer les déchets. Cependant, en vieillissant, la partie fonctionnelle n’est plus suffisamment active et les troubles apparaissent alors.
L’insuffisance hépatique peut également être observée chez des chiens âgés atteints par une maladie dégénérative du foie (comme une cirrhose) ou alors une maladie détruisant le foie, maladie pouvant être infectieuse, à médiation immune (le système immunitaire du chien se retourne contre son propre foie) ou tumorale.
Des crises d’hypoglycémie (manque de sucre) ou d’hypocalcémie (manque de calcium). C’est souvent le cas lors d’éclampsie de la chienne en lactation.
Les causes neurologiques
Il existe d’autres atteintes du système nerveux que l’épilepsie qui peuvent également être envisagées :
- Hydrocéphalie
- Malformation congénitale
- Problème vasculaire
- Tumeur
Quoi qu’il en soit, l’animal doit être régulièrement suivi par son vétérinaire (quelques semaines après la mise en place du traitement, puis une à deux fois par an) pour ajuster son traitement et effectuer, si nécessaire, une prise de sang ou d’autres examens : radiographie, ponction de liquide céphalo-rachidien, scanner éventuel.
Vrai ou faux ?
- Un chien épileptique peut mener une vie normale ? Vrai, un traitement bien suivi n’est pas plus contraignant que celui d’un animal cardiaque ou diabétique.
- L’épilepsie n’est pas une maladie facile à contrôler ? Faux, l’épilepsie primaire est une maladie assez facile à contrôler quand l’animal est traité rapidement et suivi régulièrement.
- Il faut attendre que l’animal fasse plusieurs crises convulsives pour le mettre sous traitement épileptique ? Faux, plus le traitement est mis en place rapidement, plus les chances d’un contrôle très satisfaisant, voire de disparition des crises sont importantes.
- Lors d’une crise convulsive, mon chien a du mal à respirer, car il est en train d’avaler sa langue ? Faux, un chien ne peut pas « avaler » sa langue (elle est simplement contractée au fond de sa gorge). Il est inutile de vouloir la dégager, vous risqueriez de vous faire mordre. Il faut installer le chien au calme et à l’obscurité, à l’abri de tout objet qui pourrait le blesser. Il est possible d’apprendre à détecter le déclenchement d’une crise. Il faut alors parler au chien et le rassurer. On peut également agir pendant une crise en injectant par voie intramusculaire, intraveineuse ou rectale, des anti-convulsivants.