Le chien et la cohabitation avec d’autres animaux

Vous rêvez d’accueillir d’autres animaux, pourtant vous hésitez, de peur de voir votre maison transformée en champs de bataille ? Conflits, rivalités, dégâts, voire drames vous empêchent d’adopter un autre compagnon ?

chien chat

Cet article va vous éclairer sur les bases d’une cohabitation pacifique entre les espèces.

Nous rêvons tous d’un chien capable de côtoyer paisiblement congénères, humains, chats, NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie)… Cependant ce n’est pas toujours chose facile. Certains d’entre eux sont d’irréductibles canidés résistant encore et toujours à une cohabitation sereine.

Pourquoi n’est-ce pas toujours possible ? Quelles sont les clés d’un « vivre ensemble » en parfaite harmonie ?

Chien/Chien

Comment réussir à faire cohabiter deux chiens qui ne se connaissent pas ?

Pour cela, il est nécessaire que les deux chiens soient capables de vivre avec un congénère et de connaître les signaux de communication de leur espèce. Il faut donc qu’ils aient bénéficié de bonnes conditions de développement précoce, qu’ils aient eu l’opportunité de rencontrer d’autres chiens et (surtout) que ces rencontres se soient bien passées.

Les rencontres à l’extérieur sont idéales (une intrusion dans l’espace privé d’un individu est souvent mal perçue). Pas de laisse (une longe peut être un excellent substitut) qui frustre l’animal et pas d’intrusion humaine dans leurs « affaires canines » qui ne font que retarder (voire annuler) le moment tant attendu.

Cette rencontre devra laisser l’opportunité aux chiens de faire connaissance, c’est-à-dire de se flairer, de jouer, de faire preuve de menace (qui est un comportement normal et nécessaire) afin de mettre en place un équilibre qui sera apaisant pour eux.

Enfin, cette arrivée ne doit pas être assimilée à des changements. Vous devez donc garder vos habitudes, rien ne doit changer au niveau de votre quotidien avec votre chien.

En balade

Les promenades peuvent parfois relever du défi lorsque votre chien ne supporte pas de croiser un congénère. Mais si le problème ne semble venir que de lui, il se peut que nous exercions une influence considérable sur la situation.

Votre chien peut avoir été socialement carencé au cours des premières semaines de sa vie. En fonction de son âge, de son seuil de tolérance, de ses capacités d’adaptation et de sa sensibilité, on peut éventuellement envisager des mises en contact organisées avec certains congénères pour y remédier.

Mais une rencontre entre deux individus peut être un peu mouvementée, surtout si les humains présents font intrusion. La laisse est une entrave qui peut l’empêcher de fuir en cas de peur, lui laissant deux solutions : l’immobilisation ou la menace.

Détaché, il pourrait se révéler être un tout autre chien. Véhicule de nos émotions, elle est également ce qui vous relie l’un à l’autre. Votre chien, comme nous-mêmes, arrive très bien à repérer quand l’autre est détendu, crispé ou sur ses gardes.

Raccourcir la laisse pour le rapprocher de vous quand vous croiserez un chien lui montre que vous redoutez la rencontre et que vous avez peur : il y a donc danger. Puisque modifier votre
comportement lui fait modifier le sien, pourquoi ne pas banaliser la situation et rester calme ?

À la maison

Lors de conflits entre canidés de même sexe, il est important de s’assurer que les chiens soient tous les deux stérilisés (ou non) afin d’être mis sur un même pied d’égalité d’un point de vue hormonal.

Pour que les relations soient sereines entre congénères, ces derniers doivent pouvoir se situer, trouver leur place. Les « NON ! » ou n’importe quelles autres intrusions ne sont que des freins à leur bonne entente.

Il est donc préférable de se retirer lorsque des conflits commencent à apparaître, sans un mot et calmement. Ils doivent apprendre de leurs expériences mutuelles et sont bien mieux placés que quiconque pour savoir comment réagir et à quel moment. Cela les regarde !

Si leurs interactions sont systématiquement stoppées, jamais ils ne pourront connaître leurs limites et faire preuve d’auto contrôle. Les chiens disposant des mêmes codes sociaux sont les mieux placés pour savoir quelles réactions adopter vis-à-vis de l’autre. Le plus important est de les laisser faire, car ça ne va jamais très loin, mais parfois, cela ne suffit pas.

En cas de réelles bagarres, il est impératif de savoir précisément dans quelles circonstances l’un s’en prend à l’autre. Les conduites agressives étant ritualisées, cela les rend prévisibles : Observez-vous les trois phases (menace, attaque et apaisement) ? De quel type de morsure s’agit-il : discerne-t-on le contact des crocs sur la peau ? Y a-t-il des impacts profonds ? Des lacérations ? Des morsures multiples et délabrantes dans un but de mise à mort de la victime ?

Si leurs relations ont toujours été houleuses, c’est que nos deux canidés ne s’entendent tout simplement pas. Si par contre, les tensions sont apparues à un moment donné, c’est qu’il y a eu un événement déclencheur. Le besoin d’obtenir votre attention au même moment ? Un conflit lié à un jouet ? Ou à de la nourriture ?

Chien/Chat

S’entendre comme chien et chat

Lors de tensions entre chat et chien il est fréquemment conseillé de faire « éduquer » son chien, de lui crier « NON ! », de l’asperger d’eau, de lui faire porter un collier électrique… Mais croyez-vous réellement que de vaporiser de la citronnelle sur votre chien ou envoyer des décharges électriques vont l’inciter à accepter cette cohabitation avec votre chat ? Comment le pourrait-il ?

À quoi peut-il l’assimiler, si ce n’est à de la douleur, des réprimandes, ou des cris… ?

Nos compagnons à quatre pattes ont besoin de fixer leurs limites seuls. Nous n’avons pas à intervenir dans leurs affaires, ils sont les mieux placés pour savoir comment se comporter. Plus nous interviendrons, plus nous les stresserons, plus nous les empêcherons de se connaître et plus nous repousserons le moment où ils parviendront à s’entendre (s’ils le peuvent encore, face à tous les obstacles qui leur ont barré la route).

Le dressage/éducation n’aura aucune incidence, seules les conditions d’élevage et les expériences faites durant leur vie en ont une : la question est donc de savoir si votre chien a déjà rencontré un chat avant celui-ci (et, si oui, quelles ont été leurs relations).

Un espace protégé

Laissez-les procéder comme ils le ressentent. Le chat doit juste disposer d’un meuble où se percher et/ou sous lequel se cacher. Et, avec le chien, avoir accès à un espace de repli, une pièce où ils peuvent être certains d’être tranquilles.

Gardez également à l’esprit que notre propre comportement produit un impact évident sur ces conflits. Les courses poursuites, les menaces (parce qu’il y en a automatiquement, le but étant d’impressionner l’autre), les bagarres ne doivent pas vous énerver : restez patients et détendus.

Chien/Nac (Nouveaux Animaux de Compagnie : un lapin par exemple)

Bien que, naturellement, chien et NAC ne soient pas faits pour vivre ensemble, vous avez néanmoins pu observer que des liens pouvaient parfois se tisser. Cette bonne entente varie en fonction de leur âge ou de leur tempérament, mais surtout de la façon dont on s’y prend.

Faire cohabiter sereinement ses animaux n’est pas forcément aisé et cela peut même s’avérer être impossible. Les choses peuvent être simplifiées s’ils sont adoptés jeunes et ensemble ou si vous vous assurez qu’une familiarisation avec l’espèce concernée a été faite.

En effet, les animaux mis au contact d’autres espèces au cours de leurs premières semaines de vie présentent moins de signes de crainte envers elles que ceux qui ne le sont pas. Leurs premières expériences détermineront leurs préférences et leurs rejets pour les années à venir.

Votre NAC vient d’arriver

Le nouvel animal doit pouvoir disposer d’une pièce où il sera tranquille. Son arrivée est stressante (transport, nouvelles odeurs, nouvelles personnes…), il a besoin de calme pour s’acclimater à son nouvel environnement.

48 heures après son arrivée, on lui donnera la possibilité de sentir les différentes odeurs des individus du foyer en le laissant investir peu à peu les pièces de la maison durant l’absence des autres animaux.

Cette technique leur permettra de se sentir mutuellement sans se rencontrer physiquement, ce qui peut déjà donner une idée de leurs intentions. Si tout se passe bien, on peut passer à la mise
en présence.

Le premier contact

On l’organisera à des horaires précis de la journée. Le lapin doit être dans sa cage et on fait entrer l’animal calmement et sur ses quatre pattes (pas dans nos bras). Il doit avoir la possibilité de fuir s’il en ressent le besoin tout comme le lapin doit avoir la possibilité de se cacher.

Une fuite impossible est source de stress, peut être traumatisante et conduire à une mésentente définitive voire à de graves blessures.

Si le chien est brutal ou si la situation devient ingérable, restez calme et invitez-le à vous suivre dans une autre pièce (aidez-vous éventuellement de quelque chose qu’il aime, friandises ou jouet). Il ne s’agira pas de le punir (pour quelle raison ?), mais de leur permettre de se remettre de leurs émotions (stress, tension, choc émotionnel…).

Les jours suivants, on observera attentivement leurs réactions et on notera l’évolution. S’il n’y en a pas ou, au contraire, si elle empire, c’est que la cohabitation ne peut se faire ou que votre propre comportement ne la favorise pas. Mais si les choses le permettent, une rencontre peut alors être envisagée.

La première rencontre

Elle devra se faire dans un lieu neutre susceptible de les intéresser par sa nouveauté, le lapin étant un animal territorial. Une fois mis en contact, ne précipitez pas les choses, restez tranquilles et n’intervenez pas. Laissez-leur la possibilité de se sentir et observez leur comportement.

Seulement si la situation dégénère, interrompez calmement le conflit sans vous énerver. Banalisez la situation et restez confiants, les choses se passeront plus sereinement si vous êtes maîtres de
vous-mêmes.

Évitez-les « assis », « couché », « pas bouger » qui répriment le comportement du chien. Ce n’est pas parce qu’il s’assied à votre demande que la cohabitation se passera bien, d’autant que l’obliger à se contenir est indéniablement source de tensions. Laissez-le faire, il est le mieux placé pour savoir comment réagir selon sa sensibilité et son seuil de tolérance.

S’il est brutal et qu’il y a risque, c’est que cette cohabitation lui est émotionnellement insupportable, inutile donc d’insister. En effet, que vaut-elle réellement si on le contraint à réprimer ses émotions ?

La territorialité du lapin induit l’apparition de marquages (urines particulièrement odorantes, selles…). L’état hormonal des lapins entiers mâles et femelles peut jouer un rôle prépondérant dans la cohabitation : les jeunes peuvent devenir agressifs au moment de leur maturité sexuelle, monter animaux ou objets, et envoyer des jets d’urine.

Cohabitation de rêve ou fatale incompatibilité ?

Si les rencontres durent depuis plus de deux mois et qu’elles se passent mal, il faut alors se rendre à l’évidence : la cohabitation est impossible. Le replacement du dernier arrivé devra donc être envisagé pour le bien-être des deux.

Une pièce d’isolement peut aussi être attribuée au lapin, mais même si l’autre est physiquement absent, il reste néanmoins olfactivement présent : ce peut être une source intense de stress et mener à des comportements inquiétants (alopécie, automutilations, excitation, apathie…).

Si, par contre, les choses se passent bien, profitez de ces moments agréables en gardant toujours à l’esprit qu’un accident peut survenir à tout instant, on n’est jamais à l’abri d’un dérapage.

Vigilance et anticipation sont les fondements d’une cohabitation sécurisée.

Chien/Humain

Lorsque la fête ne s’arrête plus

La solution consiste à ignorer le chien tout le temps où il sera excité. Ne lui parlez pas (même pas de « non ! »), ne le touchez pas (pas de geste pour le repousser) et ne le regardez pas.

Autrement dit, faites en sorte de diminuer toutes les stimulations qui amplifieraient son état d’ « euphorie ».

Informez vos visiteurs de ces nouvelles règles : ils devront ne pas tenir compte de votre toutou tant qu’il n’adopte pas un comportement acceptable.

Une fois les quatre pattes au sol, nous pouvez reporter votre attention sur lui, mais sans aller dans l’excès, le but n’étant pas de le replonger dans cet état d’excitation intense, mais simplement de lui montrer que c’est ce comportement qui mérite récompense (le chien étant un être social, toute relation, qu’il s’agisse d’un mot, d’un regard, d’une caresse ou d’une tape est synonyme de récompense).

Le chien qui détestait les humains

S’il menace les étrangers, c’est certainement que ses conditions d’élevage ne lui ont pas permis de faire ce type de rencontres ou qu’il a vécu une expérience traumatisante.

La menace sert à éviter le conflit et à faire cesser l’action en cours. Un chien qui ne prévient pas est potentiellement dangereux, votre chien est donc un animal équilibré qui prévient que la situation qu’il vit lui est insupportable et qu’il veut y mettre un terme.

Le mieux est de consulter urgemment un comportementaliste certifié. En attendant, veillez à préserver votre animal des intrusions dérangeantes pour ne pas l’amener à faire usage de menaces.

S’il grogne, assurez-vous que ses menaces soient toujours respectées, car si ce n’est pas le cas, notre chien serait contraint d’en venir à la morsure (qui, elle, fonctionne !) et comprendrait que seule
l’attaque permet de faire cesser son inconfort.