Mon chien ne supporte pas la solitude : Que faire ?

De nos jours, il est fréquent de conjuguer emploi du temps rempli et animal de compagnie.

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Ce mode de vie peut très bien convenir, à condition de pouvoir vaquer librement à ses occupations, sans crainte de voir son compagnon entrer dans un état de détresse systématique à cause de la solitude.

Avant de conclure que l’angoisse de notre chien relève du médical ou de l’éducation, faisons ensemble un tour d’horizon du côté comportemental.

L’attachement est un besoin vital pour les animaux et les humains. Dans sa fratrie, le détachement du chiot se fait progressivement, c’est un processus naturel.

Lors de l’adoption, la séparation d’avec la mère est vécue comme une grande détresse et il y a souvent hyper attachement à son humain, auquel le chiot se raccroche.

Un chien n’est pas génétiquement programmé pour supporter la solitude, cela doit lui être appris. Et, s’il nous est impossible de nous absenter, même pour quelques minutes, sans que notre chien se mette à gémir, aboyer, hurler, gratter, détruire, uriner, déféquer, se lécher, se mordiller ou s’arracher les ongles… C’est à nous de lui apprendre.

Il est malpropre ?

La miction et la défécation n’ont pas seulement un rôle physiologique, elles sont aussi utilisées dans un but de communication. Marquage, élimination naturelle, incontinence ou émotion forte ne demandent pas la même stratégie, il est donc primordial de comprendre les causes qui amènent notre compagnon à produire ce comportement.

L’élimination naturelle se caractérise par des flaques d’urine et/ou des défécations et survient lorsque le chien est enfermé trop longtemps et qu’il ne parvient plus à se retenir, que personne ne lui apprit où s’exécuter ou que l’extérieur le terrorise.

L’incontinence fait que le chien (vieillissant ou non) a une mauvaise maîtrise sphinctérienne et urine involontairement en marchant ou en dormant. Seul un vétérinaire peut aider à améliorer la situation.

On reconnaît le marquage par des selles qui sont généralement bien moulées et/ou de l’urine en petites quantités situées dans des endroits stratégiques ou de passage comme sur les murs, les portes, l’oreiller, le lit, le canapé ou sur la table. Le chien veut faire passer un message aux membres de la cohabitation : il ne parvient pas à s’adapter au système relationnel établi et veut signifier son mal-être. L’extinction de ce comportement ne peut se faire sans une réorganisation précise des relations.

Les éliminations émotionnelles provoquées par la peur, les punitions, l’excitation ou l’anxiété sont reconnaissables par l’urine et les défécations (souvent diarrhéiques) d’un animal qui ne parvient pas à gérer ses émotions.

« Pipis d’émotions » dus à la joie des retrouvailles, peur aggravée par des punitions inappropriées, anxiété face à la solitude… Il conviendra d’aider l’animal à mieux gérer son stress.

Le fait de cacher voire manger ses excréments peut être dû à ses conditions d’élevage, mais ce comportement peut également être le fruit d’une méthode à base de « NON ! » et de réprimandes.

En agissant ainsi, nous lui montrons qu’il ne peut pas faire ses besoins devant nous. À chaque tentative, nous l’effrayons et le stoppons. Nous lui apprenons donc que faire devant nous n’est pas possible…

Il aboie ?

Un comportement est une réponse, il convient donc de comprendre précisément les raisons qui poussent notre animal à se déployer ainsi. Le chien aboie principalement pour exprimer ses émotions et, s’il ne parvient pas à tempérer ses vocalises, c’est certainement qu’il ne jouit pas d’un bon équilibre émotionnel. Il peut ainsi signifier son ennui, sa solitude, sa détresse, sa frustration, sa peur…

Ses conditions de développement précoce et ses expériences vécues jouent un rôle prépondérant, mais s’il réagit à la moindre stimulation, que nous soyons présents ou non, un état de stress chronique est à envisager et à analyser avec l’aide d’un comportementaliste.

Il détruit ?

Rentré à la maison, un tsunami prénommé Brutus a saccagé notre salon. Il a mastiqué nos pantoufles, fait ses dents sur notre table basse et des confettis avec notre canapé. Un maître mot : se gérer. Ne pouvant faire le rapprochement entre notre colère soudaine et ce qu’il a fait, il est inutile de le sanctionner. Restons zen !

Pourquoi fait-il cela ?

S’il a pour habitude d’être continuellement avec nous, il peut chercher à tout prix à nous rejoindre (en s’en prenant le plus souvent aux issues). Nous remplissons tellement son quotidien que de se retrouver seul le fait passer d’un extrême à l’autre.

Il s’ennuie, car peu ou pas stimulé et tente de combler ce manque d’activité.

Il ne sait pas gérer la solitude, car personne ne lui a jamais appris. Gémissements, hurlements, grattages et destructions sont les manifestations de sa détresse. Il peut également rechercher notre présence en s’en prenant à tout ce qui porte notre signature olfactive pour s’apaiser (télécommande, vêtements, téléphone…). Sa dépendance vis-à-vis de nous est trop importante, faisant de notre absence quelque chose d’insupportable.

Lui faut-il un compagnon ?

On imagine souvent qu’un animal peut s’ennuyer, voire détruire, parce qu’il est seul. Cette logique est propre à l’homme et l’incite à croire qu’une présence canine peut contrer les comportements destructeurs de son chien.

Penser résoudre les problèmes de comportement de notre toutou actuel en en prenant un second est une aberration.

Au contraire, on voit même bien souvent la situation empirer. Si le désarroi de notre chien est lié aux conditions de vie qu’on lui impose, qu’en sera-t-il du second ? Les chiens s’observent, les petits reproduisent les comportements des grands par mimétisme parce qu’ils sont un modèle.

Prenons garde à ces idées reçues colportées encore aujourd’hui : les soucis rencontrés avec son chien ne disparaîtront pas avec l’arrivée d’un nouvel animal. En plus, une adoption est forcément source de stress pour l’adopté ainsi que pour le quatre pattes résident. Cette arrivée ne peut donc en aucun cas être d’un quelconque secours pour les problèmes rencontrés avec son animal.

Seul un remaniement des relations peut faire cesser l’inquiétude de notre chien, un comportementaliste certifié peut être d’une grande aide dans cette démarche.

Est-il déprimé lorsqu’il reste seul ?

Le fait de laisser Milou durant un certain temps (plus long que d’habitude) lui demande un effort d’adaptation. Le manque qu’il ressent à ce moment-là génère une émotion plus ou moins forte selon sa sensibilité.

Mais quand il s’agit d’absences quotidiennes, elles font partie de la vie de tous les jours et notre chien devrait (normalement) les supporter.

Si notre chien gère mal ses émotions ou s’il n’est pas habitué à être seul, notre absence sera difficile à gérer pour lui et notre retour sera synonyme de période de réadaptation qui lui demandera un nouvel effort, ce qui peut créer un trop-plein d’émotions. Rassurons-nous donc, il ne nous en veut pas et ne nous « boude » pas, c’est simplement que notre compagnon à quatre pattes a besoin d’un temps de compensation.

Il se mutile ?

L’onychophagie (terme médical désignant l’habitude de se ronger les ongles) est une automutilation compulsive qui peut conduire à des problèmes très graves dus aux infections répétées.

Quant au léchage, il mérite un (et même plusieurs) avis vétérinaire. Il peut s’agir d’une dermatite (le chien se lèche systématiquement la patte et on observe une perte de poils limitée à cette région, voire une lésion ulcérée ou croûteuse), mais le léchage des pattes (comme l’arrachage d’ongles ou les mordillements des pattes parfois jusqu’à la plaie) est bien souvent d’origine comportementale.

Il peut s’agir d’anxiété, suite à un changement dans son quotidien de type déménagement, séparation, mise en couple, naissance, arrivée d’un autre animal, ou encore en fonction de la nature des relations qu’il entretient avec ses propriétaires… (Cela arrive bien plus souvent qu’on ne le pense, pour attirer l’attention de son propriétaire.)

En réagissant, on établit un système de communication avec son chien. On l’incite donc (inconsciemment) à reproduire son geste afin d’obtenir une réponse, qu’il s’agisse d’une réprimande physique ou orale, d’une caresse, d’une tentative désespérée d’enlever sa patte, d’un regard…

L’animal peut aussi se lécher par désœuvrement, s’il reste seul et/ou inactif durant une trop longue période.

Chez le chien, l’automutilation est la manifestation d’un mal-être témoignant d’un état d’anxiété. Les causes peuvent être le stress, la solitude, l’ennui…

Et il n’est pas rare que d’autres comportements accompagnent l’onychophagie ou les léchages de pattes tels que les destructions, les aboiements excessifs, les éliminations dans l’habitat…

L’intervention d’un comportementaliste peut être d’une grande aide afin de déterminer ce qui, dans notre quotidien, ne convient pas à notre chien et le pousse à se mutiler. Il est le professionnel apte à soumettre des conseils visant à soulager l’animal.

Du répulsif ? Un collier anti aboiements ?

Les colliers « anti aboiements » envoient des décharges électriques, des ultrasons ou de la citronnelle au chien et, concernant l’usage de répulsifs, ils n’agissent en rien sur les causes.

Du coup, ils peuvent être inefficaces, voire même rediriger l’animal sur autre chose (autre lieu, autre meuble, plinthes, murs, lui-même…).

Contrer un comportement à l’aide d’un quelconque accessoire ne consiste pas à agir sur ses racines, mais uniquement sur la partie visible.

Les méthodes répressives utilisées ne sont alors qu’illusion (tout comme l’est le fait de désodoriser une pièce pour en masquer une odeur nauséabonde sans pour autant chercher sa provenance).

Les raisons qui poussent notre chien à aboyer, à détruire ou à souiller notre habitat doivent simplement être comprises pour mieux être gérées.

En plus de ne pas venir à bout des problèmes d’aboiements, ces colliers sont source de stress pour nos chiens (il n’est d’ailleurs pas rare qu’ils paniquent rien qu’à leur vue).

Outre l’odeur insupportable de la citronnelle qui perdure plusieurs heures après projection (n’oublions pas que le chien a l’odorat un million de fois plus développé que l’homme) ou les ultrasons, le chien ne peut comprendre d’où vient la douleur du collier électrique et peut, dans l’affolement, s’en prendre à ce qui l’entoure (chien, propriétaire, enfant…).

L’électrocution n’est définitivement pas une méthode appropriée, la compréhension et le respect si.

Une cage ?

Enfermer un animal dans une cage pour dormir la nuit et durant les heures d’absence en journée, soit environ 16h sur 24h, pour éviter des dégâts est une méthode tout simplement choquante.

Déjà, il s’agit d’une cage de « transport » et non de « contention ». De plus, cela ne peut agir sur les causes de ce comportement, c’est simplement agir sur le matériel tout en laissant son chien dans la même situation de stress (voire en l’empirant).

Que faire pour lui permettre de mieux vivre la solitude ?

Il serait bon que les différents membres de la famille s’occupent de l’animal afin de limiter un attachement trop fort à une seule personne.

Revoyons nos rituels de départ et d’arrivée. Ne nous occupons pas de lui durant les dix minutes qui précèdent et suivent nos sorties. Pas de « je reviens, ne t’en fais pas », seulement un départ banal qui ne laisse pas présager que quelque chose a changé.

Apprenons-lui à rester seul quand nous sommes présents en commençant par vaquer à nos occupations (ménage, douche, cuisine, toilette…) et en faisant comme s’il n’était pas là : il doit devenir autonome pour pouvoir gérer nos absences.

Laissons-lui de quoi s’occuper pendant nos absences (jouet à remplir de nourriture, os…).

Sortons-le avant de devoir quitter les lieux pour une trop longue durée afin qu’il puisse se dépenser un peu et faire ses besoins.

À notre retour, n’inspectons pas les lieux et notre chien sous toutes les coutures. Soyons calmes, banalisons la situation et nettoyons les dégâts hors de sa vue. Crier ou frapper notre animal ne l’aidera pas à faire des progrès, bien au contraire. Cela peut l’inciter à cacher ses selles et les manger pour éviter la punition, mais aussi à avoir peur (qui est le premier facteur de conduites agressives) et fragiliser la confiance qu’il a en nous.

À savoir

Il sait qui a mal fait, mais il recommence

L’animal ne connaît pas les notions du Bien et du Mal et ne connaît pas non plus le concept de culpabilité qui est purement humain. Néanmoins, il perçoit notre colère, nos traits crispés, notre voix irritée… il les a déjà vus et s’en souvient ! Il associe notre retour à un mauvais moment à passer et adopte l’attitude de crainte et d’apaisement qui en découle. Il faudrait donc qu’il ait le sentiment d’avoir « commis une faute » pour ne pas recommencer, mais ce n’est pas le cas.

Un animal grégaire

Le chien est au départ un animal de meute. À l’état sauvage, il est toujours en compagnie de ses congénères. Rien de naturel donc, à être abandonné toute une journée… Ne lui en veuillez pas trop, lorsqu’il manifeste trop violemment son dépit de passer sa journée sans vous.

Pot de colle

Votre chien fait une fixation sur vous. Vous n’êtes pas là, c’est la panique, quelle que soit la personne qui reste avec lui. Il faut, dans ce cas, chercher la cause de ce comportement qui peut avoir des origines diverses et parfois profondes et consulter un spécialiste.

Vous avez provoqué les choses

En partant, beaucoup de maîtres, culpabilisés par leurs obligations quotidiennes, font un « gros câlin » à leur chien avant de partir, lui expliquent qu’ils vont revenir vite, avec des trémolos dans la voix… Malheureusement, ce comportement le terrorise encore plus !

En effet, après ces élans d’affections, qui deviennent routiniers, il sait qu’après, c’est la solitude. De plus, votre attitude désolée lui confirme qu’il a raison de s’angoisser. Finalement, mieux vaut « dédramatiser » la situation et partir en l’ignorant.

Le chien est sensible à vos humeurs : si vous partez l’esprit serein, nul doute que votre compagnon trouvera la situation banale.

Pour conclure

Pratiquer le détachement c’est rompre le trop fort attachement qui nous lie à lui, c’est continuer le travail commencé par la mère, c’est aider notre compagnon à quatre pattes à grandir et à devenir autonome.

La détresse que notre fidèle ami ressent n’est pas saine et ne peut nous convenir si nous l’aimons vraiment. C’est donc à nous de l’aider à se sentir mieux dans ses coussinets, à nous de mieux l’aimer en prenant en compte sa sensibilité.