La cohabitation entre chiens : Que faire quand ça se passe mal ?

Il y a parfois des problèmes pour faire cohabiter des chiens, surtout lorsque cela engendre des frictions, voire même des combats sanglants.

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Plusieurs cas de figure peuvent se présenter : nous avons un chien et nous allons en acquérir un second, une promenade où une rencontre va avoir lieu avec un chien inconnu, etc.

Chez le chien, la socialisation est souvent incomplète, parfois même inexistante, car il quitte sa mère pour se retrouver dans un milieu humain où il a peu de contact avec des congénères (d’où l’importance de réaliser celle-ci correctement chez l’éleveur, puis de l’entretenir chez le maître, d’où l’intérêt de se rendre dans les écoles de chiots).

Ensuite, son existence se déroule en milieu artificiel propre aux humains, dans un espace très limité.

Enfin, l’homme a tendance à anthropomorphiser ses relations avec lui et donc à créer des troubles du comportement comme l’hyper attachement (qui peut engendrer une agression systématique des autres chiens qui s’approchent).

En théorie pourtant, un mâle adulte n’attaque jamais un chiot de moins de 6 mois ou une femelle, les tentatives de dominance s’adressent aux congénères du même sexe.

L’arrivée d’un second chien

Pour le chien adulte, l’arrivée de l’autre engendre un conflit interne, une angoisse liée à la peur de perdre son rang hiérarchique. Surtout s’il est très gâté, il aura la crainte de perdre ses prérogatives (contacts avec les maîtres, lieu de couchage et d’alimentation, etc.), selon l’individu il va donc manifester de différentes façons : aboiements, montrer les dents, agression, boulimie, faire des trous dans le jardin…

On doit donc faire en sorte que l’arrivée du plus jeune soit acceptée et qu’il ne la considère pas comme une mise à l’écart.

Lui faire sentir environ une semaine avant, un tissu imprégné de l’odeur du chiot, en associant avec quelque chose d’agréable comme un jouet ou une friandise. On laisse le bout de tissu dans son panier.

Deux ou trois jours avant l’arrivée, on l’ignore : pas de caresses, pas de jeux, pas de friandises. Une mise à l’écart momentanée qui va l’inquiéter.

Lorsque le chiot arrive, on le pose dans le jardin (pas dans les bras) et on lui laisse faire connaissance avec celui-ci, tout en le caressant et on lui offrant quelque chose d’agréable. Il sera soulagé d’avoir retrouvé les bonnes grâces du maître et aura moins tendance à chasser l’intrus.

On attribue au jeune un espace différent pour la gamelle et le lieu de couchage en veillant à ce qu’il ne puisse accéder à celui de l’ancien.

On fait des promenades à l’extérieur dans un endroit sans danger où les deux chiens peuvent se promener en liberté, le jeune va commencer à suivre à la fois son maître et l’ancien.

On pratique l’éducation par la méthode naturelle avec les deux chiens en même temps : rappel avec récompenses à l’arrivée (d’abord pour l’ancien, puis pour le chiot), les positions assises, couchées, debout avec la gestuelle et la récompense dans chaque main pour chacun des chiens.

D’une manière générale, l’adulte (ou le premier arrivé) est toujours récompensé, caressé, nourrit en premier, ce que beaucoup de maîtres ont du mal à comprendre, car il est évident qu’ils craquent devant le « bébé » de deux mois.

En fonction de l’acceptation du plus ancien, on pourra progressivement rapprocher les lieux de repas et de repos.

Au moment de la puberté du plus jeune, on maintiendra ces règles de cohabitation et on observera comment les deux compères vont réagir, il est possible que des querelles aient lieu, tant qu’elles ne vont pas trop loin, on évite d’intervenir.

Il est possible qu’une inversion de la dominance survienne, dans ce cas-là on doit la respecter et c’est le nouveau qui recevra notre attention en priorité.

En promenade, mon chien est en laisse et se fait attaquer par un congénère

C’est une situation difficile, car nous ne connaissons pas ce chien inconnu, nous ne savons pas comment il va réagir, et à quoi il est sensible, pour le faire fuir.

Cela peut être très grave s’il y a une disproportion de taille : un gros molossoïde peut d’un simple coup de dent tuer un chien de petite taille.

Comment bloquer l’agression avant le contact ?

  • On évite de prendre son chien dans les bras, cela ne fera qu’exciter l’agresseur, par contre on le place contre nous et on fait semblant de ramasser une pierre (cela peut marcher à la campagne où les chiens sont encore corrigés ainsi).
  • On peut utiliser une partie de la laisse (si elle est assez longue) pour faire un moulinet devant la tête du chien.
  • On peut crier en exprimant sa colère, le corps penché en avant, la main levée (posture de menace).
  • On peut interposer devant l’agresseur un objet : sac, une valise, ou mieux ouvrir brusquement un parapluie pliant (prévoir en promenade).
  • On peut utiliser une bombe anti-agression (attention à la direction du vent) ou un appareil qui émet des ultrasons (peu efficace).

Ces conseils ne sont pas limités, car il existe autant de situations différentes que de comportements canins.

L’attaque a lieu, comment la faire cesser ?

Que ce soit à la maison entre chiens qui se connaissent ou à l’extérieur entre chiens inconnus, le comportement de combat reste le même.

Chez les canidés l’objectif est de renverser l’autre sur le dos et de l’attraper à la gorge, le point le plus vulnérable (la raison pour laquelle les chiens qui protègent les troupeaux contre les loups
ont un collier à pointes extérieures).

Pour cela, l’attaque a lieu en hauteur, pendant que l’épaule pousse l’adversaire, certains mordent les pattes antérieures pour faire tomber.

Ensuite, celui qui a réussi à terrasser l’autre va lui saisir la gorge et secouer.

Si celui qui est dessous se soumet en s’immobilisant et si celui qui est dessus a appris l’inhibition de la morsure (vers 3 à 4 mois en jouant avec d’autres chiots et on se soumettant aux adultes), cela n’ira pas plus loin, le vainqueur va uriner, gratter, tourner autour.

Si celui qui arrive est un vrai dominant, il se contentera de montrer les dents de se grandir en marchant sur la pointe des pattes, de tourner en paradant, si votre chien ne montre pas d’agressivité, il n’a aucune raison d’attaquer.

Le problème est grave lorsqu’il s’agit de chiens mal socialisés ou de chiens qui ont peur des congénères, car ils se sont fait attaquer lorsqu’ils étaient jeunes (les maîtres vont les qualifier à tort de dominants, alors que c’est la peur qui les pousse à attaquer pour faire fuir celui qui les effraie).

Il est évident alors que si votre chien bien socialisé se fait mordre, il cherchera à se défendre par instinct de survie.

Si les chiens sont de tailles égales, si votre chien a une fourrure épaisse (le Colley par exemple), les risques immédiats sont moins grands et vous avez une trentaine de secondes de marge de manœuvre pour tenter de les séparer.

Si un chien puissant s’est saisi d’un chien de petite taille (yorkshire par exemple), l’intervention salvatrice doit intervenir dans les trois secondes. Il faut savoir que certains chiens sont peu sensibles à la douleur que l’on va créer pour sauver une vie (le stress a une action anti-nociceptive, une insensibilité à la douleur par libération de dopamine, sérotonine, noradrénaline, enképhalines), cela peut même augmenter l’agressivité.

Il y a également le risque de morsure redirigée vers l’humain, au moment où on sépare les belligérants, ils peuvent s’en prendre aux personnes qui les tiennent.

Comment séparer les chiens en cas de conflit ?

  • Si l’autre maître est présent, chacun rappelle son chien et part dans la direction opposée (en général, sur les chiens de petit caractère cela peut marcher).
  • Projection d’eau.
  • Soulever chaque chien par les postérieurs.

Pour les cas d’urgence où une vie est en jeu

  • Chaque maître va saisir son chien par la queue (s’il en a une), attraper les testicules et les tordre (s’il s’agit de mâles), dès qu’ils vont lâcher, les projeter au sol en arrière avec un ordre impératif de blocage.
  • Introduire une bouteille d’eau (il faut en avoir une sous la main) dans la gueule du chien qui est en train de mordre l’autre, s’il ne veut pas étouffer il faudra qu’il lâche, à ce moment-là on le tire en arrière.
  • Enfin, le seul remède efficace pour séparer les chiens de combat japonais (Tosa-Inu), endurcis depuis l’enfance pour supporter la douleur, le feu. On utilise un briquet en mettant le réglage de la flamme à fond. Celui qui est en train de tuer le petit chien est saisi d’une main au collier ou au cou. De l’autre main, on va le brûler sous la babine inférieure. Dès qu’il lâche, on le tire en arrière. Il n’aura pas grand mal et on aura peut-être sauvé une vie.