La diarrhée chronique est un phénomène fréquent chez le chien dont les causes et la gravité sont variées.
L’observation, par le propriétaire, des différentes caractéristiques de cette affection (volume, fréquence, aspect des selles, perte de poids, etc.) est primordiale, car elle permettra au vétérinaire praticien de mener au mieux les investigations et les traitements nécessaires, qu’il s’agisse de règles d’hygiène alimentaire et/ou de traitement médical.
Un chien a la diarrhée lorsque ses selles deviennent plus fréquentes, plus liquides et, dans certains cas, plus volumineuses. La diarrhée devient chronique lorsqu’elle persiste depuis plusieurs semaines ou lorsqu’elle récidive après le traitement correct d’un épisode de diarrhée aiguë.
Pour comprendre les conséquences de la diarrhée selon qu’elle est provoquée par un dysfonctionnement de l’intestin grêle ou du côlon, il faut se souvenir que l’intestin grêle joue un rôle essentiel dans la digestion et l’absorption des aliments (assimilation) tandis que le gros intestin ou côlon est l’organe essentiel de la régulation des échanges d’eau dans le tube digestif et de la vitesse du transit (stockage des selles et rôle dans la défécation).
Le dysfonctionnement de l’intestin grêle a des causes et des conséquences très différentes de celles des troubles siégeant dans le côlon. Ceci permet de distinguer, selon l’aspect clinique et les caractères des selles, le syndrome de maldigestion-malansorption (ou syndrome de malassimilation) du syndrome colique (ou de colopathie).
Le syndrome de malassimilation
Caractéristiques
En cas de malassimilation, les selles sont très abondantes (volume quotidien multiplié par 3), mais la fréquence des défécations est normale ou peu augmentée. En outre, elles sont souvent décolorées. Ces selles peuvent contenir des aliments non digérés, mais elles ne
sont pas coiffées par du mucus (glaire) et ne contiennent pas de sang en nature.
Sauf dans quelques cas rares où elles sont de couleur noirâtre en raison d’un saignement chronique dans les premières parties du tube digestif : le sang présent dans les selles est partiellement digéré d’où la coloration noirâtre (méléna). Parfois, les selles riches en graisses non digérées ont un aspect luisant et une odeur rance très désagréable.
L’augmentation des mouvements de l’intestin peut aussi susciter des bruits liquidiens audibles à distance (borborygmes) et la malassimilation dans l’intestin grêle détermine le transfert dans le côlon de substances pouvant subir des phénomènes de putréfaction ou de fermentation provoquant l’émission de gaz souvent malodorants (flatulences).
Conséquences
Les conséquences de la malassimilation sur l’état général sont importantes : le chien s’amaigrit progressivement alors que son appétit est souvent augmenté ; il perd son entrain habituel.
Dans certains cas graves, lorsque l’atteinte de l’intestin grêle s’accompagne d’une fuite de protéine, on peut remarquer l’apparition d’œdèmes siégeant sur les membres ou sur les zones basses du thorax et de l’abdomen (syndrome d’entéropathie exsudative).
Causes
La malassimilation peut résulter d’une prolifération bactérienne massive dans les premiers segments de l’intestin grêle par suite d’une réduction de l’acidité des sécrétions gastriques ou en raison d’une stase intestinale (tumeur de la paroi, corps étranger, réduction de la mobilité de l’intestin quelle qu’en soit la cause).
Les bactéries qui prolifèrent dans la première partie de l’intestin sont celles qui sont normalement présentes dans le côlon : il s’agit donc d’une modification du site de croissance bactérienne et non de la présence de germes directement pathogènes.
Une des principales causes de malassimilation est l’inflammation chronique de la paroi intestinale responsable à la fois d’une réduction de l’absorption et d’une hyper-sécrétion. Cette maladie inflammatoire chronique est caractérisée par une infiltration de la paroi intestinale par certaines cellules – lymphocytes ou plasmocytes dont la cause est mal connue. On la désigne sous le nom de maladie inflammatoire chronique idiopathique (ou MICI).
Certaines tumeurs de la paroi intestinale, assez rares chez le chien (adénocarcinome, lymphome), peuvent entraîner une diarrhée chronique. Il en est de même des malformations congénitales ou acquises du réseau lymphatique intestinal (lymphangiectasie) qui provoquent une fuite de lymphe dans l’intestin, ayant pour conséquence une perte de protéine et de lipides avec réduction des protéines sanguines et installation d’œdèmes périphériques.
Enfin, la diarrhée chronique de l’intestin grêle peut être associée à une intolérance à un aliment ou à un additif alimentaire. On connaît bien l’intolérance au gluten rencontrée chez certains Setters irlandais. Cette intolérance alimentaire s’observe lors d’un changement
trop brutal de régime, en cas de surcharge alimentaire ou lorsque l’on donne une ration trop riche en glucides ou comportant des protéines de mauvaise qualité.
Le syndrome colique
Caractéristiques
Le syndrome colique se présente de manière très différente du syndrome de malassimilation. Les selles sont émises beaucoup plus fréquemment (4 à 10 fois par jour) et la défécation peut être impérieuse au point que le chien n’est pas capable de se retenir et va émettre
des selles dans des endroits inappropriés. Les selles sont émises en tas de petit volume, souvent couverts de glaire (mucus).
On peut parfois constater la présence de sang en nature (hématémèse) et le chien peut faire des efforts de défécation infructueux en raison de l’irritation des parties terminales du tube digestif.
Les diarrhées du côlon sont beaucoup mieux tolérées pendant de nombreux mois que les précédentes : l’état général est conservé,
l’animal ne maigrit pas et son appétit demeure normal.
Causes
Les maladies du colon responsables de diarrhée sont, soit de type organique (lésion de la paroi du côlon), soit de type fonctionnel (sans lésion de l’organe).
Les lésions de la paroi du côlon sont le plus souvent des lésions inflammatoires (colite) dues à l’infection bactérienne ou, plus souvent, à l’infestation par des parasites (trichures : vers).
Elles peuvent être la conséquence d’une allergie (hypersensibilité d’origine alimentaire) ou encore faire partie de la maladie intestinale chronique idiopathique (MICI) : l’inflammation s’étend en général à tout le tube digestif.
Dans certains cas, l’infiltration cellulaire du côlon prend un aspect particulier : colite histiocytaire ulcérative (boxer) ou colite granulomateuse qui prend un aspect prolifératif. Les tumeurs du côlon sont plus rares que les colites. Elles sont bénignes dans environ 40 % des cas.
Les colopathies fonctionnelles représentent environ 15 % des cas de syndrome colique dans lesquels aucune lésion de l’organe n’est retrouvée. On les désigne sous le nom de côlon irritable qui paraît plus fréquent chez les chiens anxieux et sensibles au stress.
Les deux grands syndromes observés chez les chiens atteints de diarrhée chronique se présentent de manière très différente pour le clinicien, ce qui va lui permettre de distinguer assez facilement le syndrome de malassimilation du syndrome colique.
En revanche, la recherche de la cause précise de la diarrhée est plus difficile et exige des examens complémentaires parfois assez complexes et relativement coûteux.
Examens
Certains examens de base font partie de la routine : numération et formule sanguine et paramètres biochimiques sanguins usuels avec dosage des protéines et des albumines pour mettre en évidence une éventuelle diminution évoquant une fuite protéique associée à une entéropathie exsudative.
L’examen des selles est fondamental. Aussi bien l’examen macroscopique (volume, couleur, présence de mucus, présence de sang) que microscopique (coproscopie parasitaire).
L’échographie abdominale permet de rechercher les anomalies morphologiques. Elle permet notamment d’évaluer l’épaisseur de la paroi intestinale et de réaliser des cytoponctions ou des biopsies qui seront soumises à un examen anatomo-pathologique pour préciser la nature exacte de la lésion intestinale.
Des dosages plus spécifiques sont souvent utiles pour évaluer la fonction pancréatique ou pour évaluer la fonction pancréatique ou pour évaluer les capacités d’absorption de l’intestin grêle.
Enfin, la fibroscopie digestive permet par voie haute d’examiner la muqueuse duodénale et par voie basse la totalité de la muqueuse recto-colique jusqu’à la jonction entre l’intestin grêle et le côlon. Cette technique qui demande une préparation et une anesthésie générale permet l’examen direct de la muqueuse et la réalisation de biopsies qui permettent un diagnostic précis de la nature des lésions en cause.
Traitement
Alimentaire
Un aspect essentiel du traitement des diarrhées chroniques consiste à améliorer la digestibilité de la ration ce qui en favorise l’absorption dans l’intestin grêle, tout en réduisant les sécrétions digestives et la croissance de la flore microbienne intestinale grâce à la diminution des résidus fermentescibles.
Ces aliments hyperdigestibles se trouvent actuellement dans le commerce. Lorsque la diarrhée chronique est liée à un état d’hypersensibilité alimentaire ou à un état allergique, les aliments hypoallergéniques comportent des protéines provenant d’ingrédients ne provoquant par de réaction d’hypersensibilité, c’est-à-dire ne comportant ni lait, ni bœuf, ni blé. Ces aliments apportent des glucides hautement digestibles et dépourvus de gluten (riz, tapioca).
Lors de diarrhée associée à une colopathie, l’utilisation d’un aliment riche en fibres est recommandée à condition d’utiliser des fibres solubles par exemple sous forme de psyllium que l’on trouve dans le son d’avoine.
Une alimentation standard et en boîte peut entraîner une diarrhée chronique. L’alimentation humide contient environ 80 % d’eau. Pour une même valeur nutritionnelle, le chien doit ingérer une quantité 5 à 6 fois plus importante que s’il mangeait des croquettes, ce qui est forcément beaucoup plus lourd et long à digérer.
Attention à l’alimentation : Les aliments standards sont composés à partir de matières premières de moins bonne qualité, ils sont plus gras et donc bien moins digestibles que des aliments de qualité (Premium) qui sont au contraire hyper-digestibles.
Lorsqu’un chien passe de croquettes standards à des croquettes de qualité, l’impact sur ses selles est immédiat et visible : celles-ci
sont moins fréquentes, moins volumineuses, nettement plus consistantes et beaucoup moins odorantes.
Enfin, les quantités données sont moins importantes pour une valeur nutritionnelle équivalente.
L’intolérance alimentaire : Elle est principalement due à la viande de bœuf ou à des additifs alimentaires de mauvaise qualité, souvent
contenus dans les aliments de bas de gamme ou de moyenne gamme. Un changement alimentaire pour une alimentation hypoallergénique permet alors la disparition des symptômes.
Le syndrome de malabsorption-malassimilation ou insuffisance pancréatique exocrine : Il correspond à un déficit en suc pancréatique entraînant des problèmes de maldigestion. En effet, le suc pancréatique contient des substances (enzymes) qui permettent la digestion des aliments. Les selles sont alors pâteuses (en bouse), décolorées de couleur mastic.
Médical
Le traitement médical d’un chien atteint de diarrhée chronique varie en fonction du diagnostic de la cause.
L’antibiothérapie doit être utilisée lorsque la diarrhée est due à une prolifération bactérienne. Elle sera utilisée pendant au moins 4 semaines, mais elle peut entraîner, lorsqu’elle n’est pas indispensable, un déséquilibre de la flore que l’on peut combattre à l’aide de probiotiques, médicaments à base de micro-organismes vivants non pathogènes susceptibles de recoloniser le tube digestif.
Les anti-inflammatoires stéroïdiens peuvent être nécessaires pour réduire la réponse immunitaire du tube digestif.
En revanche, les modificateurs du transit digestif sont peu utilisés dans le traitement de diarrhées chroniques.
On préfère le plus souvent prescrire des médicaments renforçant le tonus musculaire du côlon tels que les opiacés qui réduisent rapidement la diarrhée.
L’emploi des anti-spasmodiques n’est recommandé qu’en cas de douleur intestinale, car l’hypomotilité dont ils sont responsables favorise la prolifération bactérienne.
La diarrhée est un symptôme d’une extrême fréquence chez le chien. Lorsqu’il s’agit d’un cas aigu, la mise en place d’un traitement symptomatique sans recherche précise de la cause donne le plus souvent un résultat satisfaisant.
En revanche, lorsque la diarrhée est chronique, rien ne sert de donner un traitement tant que la cause exacte n’est pas identifiée ; il est nettement préférable, et finalement moins coûteux, de prendre le temps de réaliser les examens complémentaires nécessaires.
Ce qu’il faut savoir sur la diarrhée chez le chien
- Ajoutez des probiotiques, comme le yogourt, dans la nourriture du chien.
- Évitez de changer le régime alimentaire du chien : restes de tables, changements fréquents de croquettes sont à proscrire.
- Les causes de la diarrhée sont multiples : alimentaire, parasitaire, fonctionnelle ou bactérienne
- Une alimentation standard ou en boîte peut entraîner une diarrhée chronique.
- Le traitement médical des diarrhées chroniques est souvent long et varie en fonction de l’origine des troubles diagnostiqués.
- Suite à ces symptômes, le chien commence peu à peu à maigrir, l’apathie et la déshydratation se mettent en place.
- Ajoutez des fibres supplémentaires dans la nourriture du chien : du riz, du gruau, de la purée de citrouille ou des graines de lin.
Les parasites digestifs classiques sont une source de diarrhée très fréquente
Les vers sont responsables d’irritation digestive et donc de diarrhée voire de vomissements (les chiens vomissent parfois des vers lorsqu’ils sont très parasités). Il est donc important de réaliser une nouvelle vermifugation à large spectre afin de pouvoir détruire tous les vers : ascaris, dipylidium, tænia, ecchinococcus, toxocara, ankylostome, trichure… et régulièrement : entre deux et quatre fois par an.
L’Ascaris est un ver rond parasite. Les vers adultes vivent dans le gros intestin. Une femelle peut produire environ 200 000 œufs par jour, qui sont dispersés par les selles du chien.
La giardiose, les coccidioses, la cryptosporidiose sont des vers digestifs résistants aux vermifuges habituellement utilisés. Une coproscopie (examen des selles sous microscope) permet souvent de mettre en évidence ces parasites.
Remèdes naturels contre la diarrhée chez le chien
Vous pouvez essayer les plantes médicinales suivantes pour contrer la diarrhée :
Orme rouge (Ulmus rubra)
L’orme rouge apaise et recouvre les muqueuses, c’est la plante médicinale idéale pour le traitement de la diarrhée.
Réglisse (Glycyrrhiza glabra L.)
La réglisse est anti-inflammatoire et un substitut naturel plus sain que les stéroïdes (tels que les corticoïdes) qui sont souvent utilisés en combinaison avec des antibiotiques pour traiter la diarrhée chronique chez les chiens et les chats.
Cataire (Nepeta cataria)
Aussi connue comme l’herbe à chat, la cataire soulage les flatulences et possède des propriétés antispasmodiques, de sorte qu’il est efficace pour traiter la flatulence et la diarrhée.
Echinacée
De nombreuses maladies chroniques sont le résultat d’un système immunitaire dysfonctionnel. L’échinacée renforce le système immunitaire et favorise le retour à son état de fonctionnement normal.