Le Chesapeake Bay Retriever est originaire de la côte est des États-Unis. Très rare en France, il a pourtant d’extraordinaires aptitudes pour la chasse.
Proche de l’homme, c’est aussi un excellent gardien et un compagnon très doux en famille. Cet article présente ce Retriever, en marge de la fratrie.
Qui est le Chesapeake Bay Retriever ?
Dans la famille des Retrievers, le Chesapeake Bay est plutôt en marge de la fratrie. Dans la baie de Chesapeake, située sur la côte est des
États-Unis, les chasseurs l’utilisaient afin de rapporter les oiseaux tombés dans les eaux glaciales.
Sa puissance physique et son excellent flair en font un chien exceptionnel dans sa capacité de rapport. Ses autres particularités : son pied de lièvre et sa croupe légèrement élevée. C’est son arrière-train musclé qui lui permet d’évoluer très à l’aise dans la boue des marais, et de nager dans les courants forts.
Sa détermination à rapporter vient à bout de tous les obstacles rencontrés, qu’ils soient naturels, canins… ou humains. C’est un chien très polyvalent, il est aussi efficient sur terre et au marais qu’en mer.
Tous ces atouts combinés en font un compagnon très apprécié des chasseurs de gibiers d’eau.
Origines
Le Chesapeake Bay Retriever ou « Chessy » est le chien officiel du Maryland. Les qualités uniques de ce chien ont été développées par les chasseurs de Patamoke (chasseurs vivant de la vente du gibier tué dans la baie de Chesapeake aux États-Unis).
La race est originaire des États-Unis, et introduite en France dans les années 40 par le comte de Bonvouloir. Le « Chessy » semble être issu de deux Terre-Neuve, un chien brun et une chienne noire (ils étaient plus petits et plus courts que le Terre-Neuve moderne). Ensuite, divers croisements sont intervenus notamment avec des Hotterhounds (chiens des loutres), des Épagneuls et des Spaniels d’eau…
Le plus puissant des Retrievers
Déterminés et persévérants, ils sont réputés autour de la baie pour pouvoir récupérer un nombre énorme d’oiseaux, entre 200 et 300 par jour de chasse, dans des conditions climatiques et un milieu aquatique des plus défavorables.
Ils doivent souvent casser la glace pour pouvoir rapporter le gibier au prix d’efforts acharnés. Souvent, ils doivent affronter vents et marées et couvrir de longues distances à la nage dans l’eau gelée.
La nourriture et l’abri étant rares pour ces chiens, seuls les spécimens les plus durs survivent.
Son manteau huilé et son sous-poil conservent très peu d’eau et font difficilement de la glace. Ce chien puissant, à la robe imperméable et aux doigts palmés, est un excellent rapporteur de gibier. Ses pattes de lièvre et son arrière-train musclé et plus haut lui fournissent une puissance énorme pour travailler dans la boue épaisse et profonde, lui permettent aussi de nager dans le courant et contre des vents forts d’hiver.
Ses petites oreilles sont placées haut sur sa tête pour empêcher l’eau d’entrer dans ses canaux auditifs. Sa queue forte joue le rôle de gouvernail, lui permettant de tourner facilement dans le courant.
Son coffre est profond et large pour fournir une grande capacité aérienne nécessaire à l’endurance. Sa conformation démontre une vraie
relation à la performance.
Il est le plus rustique, le plus grand, le plus lourd, le plus robuste et par conséquent le plus puissant des Retrievers, le Chessy travaille dur et longtemps dans presque n’importe quelles conditions.
Une race encore très anonyme
Oui, et il faut une bonne dose de motivation pour vouloir un Chesapeake ! En France, il y a très peu de naissances par an, une douzaine au maximum. Pourtant, cette race donne de multiples satisfactions à tous points de vue.
Leurs prédispositions les distinguent tant en concours de field qu’à la chasse. Le « Chessy » aime le travail sous toutes ses formes.
À la maison, c’est un chien très docile, très amical, pour ne pas dire collant parfois. S’il reste le spécialiste du rapport, c’est un chien de compagnie tranquille qui est aussi bon gardien et protecteur de sa famille.
Pourquoi cette race est-elle si rare en France ?
Il n’est pas très connu en France, car les Retrievers qui tiennent la vedette sont les Goldens et les Labradors. Toutefois, il est aussi méconnu chez nous qu’il est populaire outre-Atlantique avec une moyenne annuelle de 5 000 naissances. Il est d’ailleurs si soutenu par les éleveurs yankees que son cheptel est estimé à 50 000 individus. Et de fait, il est le troisième Retriever au monde.
Combien de chiens, de naissances et d’éleveurs en France ?
Importé en France dans les années 40, on peut évaluer à une grosse centaine le nombre de Chesapeakes vivant en France à ce jour. Les lices font rarement plus d’une portée dans leur vie. On compte une douzaine de naissances environ par an, contre plus de 7 000 pour le Labrador ou le Golden.
Comment apporter du sang neuf ?
Il n’y a pas de problème de consanguinité dans nos lignées françaises actuellement. Les jeunes reproductrices et étalons ont des origines très variées dans leurs pedigrees. (France bien sûr, mais aussi Angleterre, Canada, USA, Allemagne…).
Les éleveurs-propriétaires de lices se déplacent beaucoup, également hors de France pour assurer leur reproduction.
Est-il facile à éduquer ?
Oui, car il est très intelligent, il comprend vite, à condition de lui expliquer correctement. Il faut aussi savoir « parler chien » et avoir toujours à l’esprit que le raisonnement canin n’est pas le même que le raisonnement humain… ça n’est pas toujours très clair dans l’esprit des amateurs.
Il faut toujours avoir en tête la maxime amusante à son sujet : « Vous pouvez commander un Labrador ; demander à un Golden… mais
vous devez négocier avec un Chesapeake ! »
Mode de vie
Il est préférable d’avoir un grand jardin. Ce n’est pas pour autant que ce sera suffisant. Ce chien a besoin d’espace, vous pouvez l’emmener dans vos joggings, et faire de longues promenades au bord de l’eau. Lors de vos balades au bord de la rivière, les Chesapeakes eux font leur promenade dans la rivière. Ces chiens adorent l’eau.
L’amour de l’eau est très précoce chez cette race. Il n’est pas rare de voir une maman Chesapeake aller à l’étang avec ses chiots de 6 ou 7 semaines derrière elle, tout comme des canetons suivent leur mère.
Quelles différences entre mâle et femelle ?
Elles sont surtout physiques : la taille et les proportions. On peut avoir jusqu’à 10/15 kg d’écart entre les deux sexes. Toutefois, il est bien connu que pour cette race, les mâles ont des caractères bien trempés. Il est déconseillé à tout amateur de prendre un Chessy mâle comme premier chien dans sa vie. Les femelles sont généralement plus douces.
Chasseur ou chien de compagnie ?
Les deux, mais c’est toutefois dommage de ne pas exploiter ses qualités de Retriever. L’idéal étant d’avoir à ses côtés un maître attentionné aux besoins de son chien, et qui saura consacrer du temps pour une activité, quelle qu’elle soit.
C’est un Retriever donc un « rapporteur ». Il excelle dans la chasse au gibier d’eau et petit gibier. Le Chesapeake est un grand polyvalent.
Quelles sont les activités que l’on peut pratiquer avec lui ?
Le Working-Test est une discipline basée sur le rapport du gibier, mais celui-ci est remplacé par un boudin appelé « apportable ». Il n’est pas nécessaire d’être chasseur pour apprécier cette activité.
L’agility, le jogging, l’éducation canine (recommandée), recherche en décombres, sauvetage à l’eau… C’est un chien d’utilité, il est très sportif et capable de faire bien de choses.
Quelle est son espérance de vie ?
Comme les autres races, en moyenne une douzaine d’années. C’est un chien très rustique. Il ne présente pas de problèmes de poids et question toilettage, il est quasi inexistant. Un bon coup de brosse par semaine suffit.
Ce chien supporte tout : l’eau, le froid, la chaleur : il n’a pas de faiblesses.
Le sourire du Chesapeake
Ce n’est pas dans le standard de la race, pourtant c’est bien une particularité du Chesapeake : son sourire !
La lèvre supérieure découvre les dents en une grimace comique qui n’est adressée qu’à l’homme, jamais à ses congénères. L’attitude du corps, qui transmet un message de soumission, témoigne qu’il s’agit d’un sourire et jamais d’une menace.
Utah, une chienne Chesapeake Bay Retriever qui travaille à la chasse et dans le secourisme humanitaire : Sa maîtresse nous raconte…
Il est bien connu que le plaisir premier de nos Retrievers est le rapport, que ce soit de gibier ou d’apportables. Il n’empêche qu’ils peuvent être tout à fait aptes à d’autres disciplines : la recherche en décombres.
Nos chiens peuvent se rendre très utiles et efficaces dans les recherches de victimes, même dans des terrains très accidentés. Leur flair puissant est un atout essentiel pour la localisation des victimes. La complicité maître/chien est très intéressante, pourtant l’exercice est périlleux, surtout quand on travaille en parallèle l’entraînement en field trial.
En field, il est demandé d’avoir un chien calme au poste, et en décombres, au contraire on travaille la motivation du chien par l’excitation.
La recherche en décombres
Une douzaine de maîtres et leurs chiens sont venus pour un entraînement de recherche en décombres pendant tout un week-end. Appelés à intervenir sur des catastrophes naturelles, les équipiers se rapprochent le plus possible des conditions réelles d’interventions. Cela consiste aussi à savoir vivre ensemble.
Les repas sont pris en commun, donc camping-gaz, gamelle, couchage collectif à même le sol dans des sacs de couchage, et bien souvent c’est la tente…
En cas d’intervention à l’étranger, les équipes de Secouristes sans frontières sont autonomes, et en aucun cas à la charge du pays qui les accueille. Avec notre Chesapeake Bay Retriever Utah, un Golden Retriever, nous rencontrons une majorité de Bergers belges malinois,
mais également un American Staffordshire Terrier et un Rottweiler.
De jour comme de nuit, les équipes cynophiles se succèdent, à la recherche de victimes sur le terrain de décombres. Le chien doit localiser la victime et manifester sa présence par des aboiements.
Un exercice semblable à un jeu
Après avoir cheminé dans les gravats, le Chesapeake Bay Retriever a localisé sa victime. Utah aboie énergiquement et gratte le sol. Pour le chien, l’exercice est toujours un jeu, car il sait qu’il aura sa récompense favorite à la fin.
Il est très important que tout exercice se termine par cette étape. Le « décombres », c’est aussi jouer le rôle de la victime pour les autres équipiers cynos. Il n’est pas toujours très agréable d’attendre que le chien vous retrouve, caché sous un tas de pierres, de planches, dans le froid, l’humidité ou la poussière, parfois avec des araignées ou des vers…
Le test du harnais
Autre exercice important pour nos chiens : le test du harnais. Une tyrolienne est alors installée par les équipiers. Cette tyrolienne supporte largement le poids d’un humain, mais ce sont les chiens qui l’utiliseront.
Cet exercice est très important pour eux : en mission, certains endroits ne sont parfois accessibles que de cette manière. Il est donc nécessaire d’habituer le chien à ce genre de manœuvre.
Utah se demande bien quel est ce nouveau jeu. Attention, la muselière est obligatoire pour ce genre de manipulation. Au début, tout en restant calme, Utah a quand même la queue serrée entre les pattes, et puis elle se détend, et fait confiance à ma voix qui la rassure !
À l’arrivée, il y a bien sûr la récompense… retrouver sa maîtresse et des caresses !