Votre chien a encore fugué ? Vous ne comprenez pas pourquoi il agit ainsi ? Comme 8 maîtres sur 10, vous êtes désabusés parce que votre chien a (encore) pris la poudre d’escampette.
Voilà bien un souci insoluble pour la majorité d’entre nous. Quel que soit le soin que vous prenez de votre chien et la hauteur du mur, il ne peut pas s’empêcher à la première occasion d’aller traîner dehors.
Certains chiens disparaissent parfois des semaines entières ! Nous connaissons tous une personne qui a vu son chien revenir après deux mois d’absence. Où était-il passé ? Mystère !
Pourquoi votre chien fugue-t-il ?
Il existe plusieurs explications :
Il s’ennuie
Tout d’abord, si votre chien ne voit personne de la journée parce que vous travaillez et qu’à la première occasion il file par le portail ouvert, c’est peut-être tout simplement parce qu’il s’ennuie ou qu’il a envie de voir les copains et d’avoir des nouvelles du quartier.
Nous entendons souvent ceci : « Vous comprenez, il a un hectare pour lui tout seul, il n’est quand même pas à plaindre ! » Non c’est sûr qu’il n’est pas à plaindre, mais cela ne l’empêche pas de s’ennuyer dans son hectare !
Paradoxalement, souvent les gens ayant des chiens en appartement s’en occupent plus, car ils sont obligés (du moins normalement) de le sortir plusieurs fois par jour.
Alors que les propriétaires terriens oublient parfois le « truc » qui flâne tout seul dans le jardin. Comme si le fait de disposer d’un espace assez grand évitait l’ennui !
Essayez, vous, de rester tout seul des jours entiers dans une chouette propriété, sans piscine, sans Internet, sans téléviseur, sans téléphone et surtout… sans amis ! Et on verra si vous ne mourrez pas d’ennui.
Inutile de vous le rappeler, un chien seul se morfond à mourir.
Si vous avez ce cas de figure, prendre un autre chien peut s’avérer utile. À la condition que les deux loulous n’en profitent pas pour prendre la poudre d’escampette ensemble… En effet, il n’est pas rare que les chiens fuguent ensemble.
De la même façon, si vous possédez un chien que vous attachez à longueur de journée, il se sauvera dès que possible.
Mettez-vous à sa place : une vie de bagnard enchaîné, quelle misère… Avec cette technique, vous obtiendrez un chien qui, à peine détaché, se met à courir d’autant plus vite que vous essayez de le rattraper. Et qui de surcroît fait la sourde oreille à tous vos appels. Très rapidement, vous n’oserez plus
le lâcher et là on s’enfonce dans un cercle vicieux…
Il est d’une race prédisposée à ça
Inutile de vous faire des illusions si vous possédez un chien du genre race nordique, Husky, Malamute ou autre. Ce genre de chien, assez indépendant, supporte très bien de faire sa vie de son côté.
Les chiens de chasse, habitués à patrouiller à la recherche du gibier, ont aussi du mal à rester en place. Les propriétaires de Beagles et de Labradors en savent quelque chose… En prime ce sont en général des chiens nerveux qui ont besoin de courir et de se dépenser quand ils sont jeunes (voire jusqu’à un âge avancé). Ne vous étonnez pas de les voir quitter le domicile dès que l’occasion se présente.
Les Montagnes des Pyrénées (les célèbres « Patous ») conçus pour gérer toute la journée des troupeaux en parfaite autonomie seront aussi tentés de faire leur vie sans leur maître.
Il est obsédé par le sexe
Eh bien oui, il y a des chiens qui passent leur vie à fuguer pour aller au-devant de conquêtes féminines ou masculines ! Pour certains cela vire à l’obsession !
Ce phénomène touche aussi bien les chiens de race que les bâtards et les corniauds. Ils sont alors capables de faire 20 kilomètres et de disparaître plusieurs jours pour les beaux yeux de la belle que l’instinct ou l’odorat leur a fait découvrir…
Et ils reviennent souvent avec de jolies cicatrices des combats qu’il leur a fallu mener pour décrocher les faveurs de l’intéressée.
Il se sauve juste devant chez vous pour courser les voitures
Ça n’est pas une fugue, mais plutôt l’instinct de prédation qui se réveille.
Mettez-vous à la place de votre gaillard : il aboie, et l’intrus s’enfuie. Ça marche à tous les coups ! Et ça
fonctionne aussi sur les mobylettes, les vélos, les joggers, le facteur… Quel pied pour votre chien : vainqueur sans risques tous les jours !
Il se sauve pour faire le tour du propriétaire
Pas vraiment de la fugue, mais plutôt une extension de territoire !
Il se sauve par peur
Le chien pris de panique devant un orage, un feu d’artifice peut prendre la fuite par peur et ne plus revenir.
Comment résoudre le problème ?
Pour commencer, un premier point élémentaire, mais avec lequel tout le monde commet l’erreur : ne hurlez pas sur votre chien à son retour. Cela ne sert à rien, au contraire. Le chien n’associe pas sa fugue avec la punition différée, c’est le retour à la maison qui devient alors synonyme de remontrances.
Alors, même s’il revient à la maison cinq heures après son départ et que vous avez alerté la police municipale, la fourrière, la SPA et tous les vétérinaires de votre région, faites-lui la fête !
Pour gronder votre animal, il faut toujours le surprendre sur le fait : donc au moment du départ et au moment précis où il passe le portail, afin qu’il comprenne bien que « la fugue c’est mal ! ».
Puis, face à un animal qui a cette manie, rusez ! S’il se sauve dans la journée quand vous êtes au travail, commencez par lui donner à manger le matin au lieu du soir. Cette astuce est bien connue des agents de gardiennage travaillant souvent la nuit qui ont besoin d’un chien vif et éveillé pour patrouiller.
En effet, après un bon repas, le chien fait comme nous : il digère ! Et pour ce faire, en général il dort. Comme un estomac canin met 12 heures à digérer un repas… il sera forcément moins motivé pour fuguer avec l’estomac plein.
Bien sûr, s’il mange le soir, changez progressivement ses horaires, en coupant sa ration en deux doses,
une le matin, une le soir. Allégez doucement l’une et augmentez progressivement l’autre, jusqu’à aboutir à un repas par jour, le matin, le tout étalé sur une période d’une semaine.
Attention aussi aux races nerveuses et susceptibles d’un retournement d’estomac, là mieux vaut respecter les consignes de votre vétérinaire.
Si votre chien fugue au cours de vos promenades, changez régulièrement vos trajets ainsi que l’heure de balade. Cela évitera qu’il se croie chez lui partout et qu’il explore sans aucune crainte son territoire.
Si votre chien n’est pas du genre stressé, mais plutôt bien dans ses poils et très sûr de lui, à chaque fois que vous l’emmènerez explorer une nouvelle balade et que vous constatez qu’il ne vous surveille plus, mais est bien plus occupé par ce qui se passe autour, cachez-vous, sans un bruit et laissez-le vous chercher.
Au bout d’un moment il va commencer à paniquer et là sans trop attendre, sortez de votre cachette et faites-lui un gros câlin. Vous verrez que par la suite il regardera plus souvent où vous êtes et restera à distance raisonnable au lieu de partir à des kilomètres !
Attention tout de même à ne pas le faire avec un chien un peu craintif ou stressé, car en voulant régler un problème vous risquez de déclencher une réaction « pot de colle » et de ne plus vous en dépêtrer ! En comportement, tout est une question de mesure…
Travaillez le retour aux pieds
S’il est du style à prendre la poudre d’escampette au grand galop dès qu’il a mis un pied dehors, a fortiori si vous l’appelez pour tenter de l’arrêter, apprenez-lui à revenir aux pieds ! Cela vous servira pour vos balades ultérieures, quand il sortira en votre compagnie.
Pour ce faire, achetez une longe de 10 mètres. Laissez-le filer au bout, puis appelez-le. Il va évidemment faire la sourde oreille.
Là, deux tactiques : premièrement, vous l’appelez en vous accroupissant, et dès qu’il arrive, vous lui donnez un petit bout de fromage ou une croquette, quelque chose qu’il aime, ou faites-lui un gros câlin s’il préfère. Et IMMÉDIATEMENT vous le laissez repartir.
Faites ça une vingtaine de fois durant la balade et il va vite comprendre que venir vers vous est agréable et non pas une corvée !
Souvent ces chiens qui ne reviennent pas ont assimilé que le rappel signifie se faire rattacher. En effet les maîtres ne les appellent que pour signifier la fin de la balade. Pas fou, le chien cessera très vite de revenir !
Deuxièmement, il vous ignore royalement et ne vient absolument pas, quelles que soient vos sollicitations ! OK : alors, obligez-le à être attentif à vos déplacements. Et comment ? nous direz-vous. Simple ! Plus la longe est longue, mieux cela fonctionne.
Laissez votre chien filer au bout de la longe. Quand il arrive à l’extrémité, changez sans prévenir de direction et appelez-le en tirant sur la longe. Il se rend alors brutalement compte qu’il est derrière et non plus devant. Résultat, il se précipite, vous dépasse, et fonce au bout de la longe. Idem, attendez qu’il arrive à l’extrémité et changez de nouveau de direction…
Quand il aura couru ainsi une dizaine de fois sur toute la longueur de la longe, il commencera à réfléchir. À ce moment-là, se produit un mécanisme très intéressant : votre chien commence à surveiller vos déplacements pour savoir où vous allez. Là, ça commence à être gagné. Car celui qui dirige la balade, ce
n’est plus lui, mais vous ! Vous devenez sa référence, celui qui prend les décisions et que l’on respecte. Et en développant cet aspect de votre relation et en couplant ce réflexe avec le renforcement du rappel décrit ci-dessus, vous allez rapidement obtenir des progrès !
Cette méthode peut parfois suffire à supprimer l’envie de fuguer. En effet, à l’état naturel, c’est le chef de meute qui gère les déplacements du groupe. En montrant clairement à votre chien que vous êtes celui qui décide, vous imposez votre autorité en douceur et sans conflit.
Si votre chien fugue pour faire un tour tranquille
Prenez deux bons copains qui n’ont pas peur des chiens, et que votre compagnon ne connaît pas. Armez-les d’un gros bâton, de casseroles, ou de n’importe quoi d’autre dont votre chien peut avoir peur. Cachez-les chacun dans la rue, un à droite, un à gauche, de façon à ne pas laisser d’issues de secours à votre fugueur !
Ensuite, arrangez-vous mine de rien pour provoquer la situation où votre chien se sauve, en laissant le portail entrouvert. Votre petit futé va vite découvrir l’aubaine. Au moment où il met les pattes dehors, vos amis vont lui foncer dessus en hurlant et en faisant tournoyer leur bâton, pour lui coller une peur magistrale. Qu’est-ce qu’il va faire ? Retourner en courant chez lui. Là vous l’attendez et immédiatement, vous le rassurez chaleureusement en lui faisant un gros câlin.
Puis, mettez-lui la laisse et vos amis ayant disparu, vous l’emmenez faire une bonne balade ! Si vous lui faites le coup plusieurs fois d’affilée, il va vite associer : la rue tout seul = danger, avec mon maître = sécurité. Vous aurez besoin de plusieurs copains, pour que votre chien ne les reconnaisse pas et ne
réduise pas la situation dangereuse à deux individus précis. Vous avez aussi intérêt à prévenir les voisins pour qu’ils ne s’étonnent pas et n’appellent pas la SPA !
Si votre chien fugue seulement quand vous n’êtes pas là, partez de chez vous, demandez à vos amis de lui faire peur. Laissez alors votre chien rentrer tout seul et arrivez juste après. Faites-lui immédiatement un gros câlin et offrez-lui une bonne balade. Votre compagnon en tirera des conclusions identiques.
C’est un peu compliqué à mettre en œuvre sur le moment, mais ça produit des résultats généralement fulgurants. Et puis par rapport au risque de voir votre chien se faire écraser ou rentrer plein de cicatrices après une bagarre, quelle tranquillité à long terme ! Si l’envie le reprenait après quelques mois, n’hésitez pas à lui refaire une séance et il sera calmé de façon durable.
Si votre chien sort de chez vous pour courir après les voitures
S’il a cette manie, mettez un ami dans une voiture que le chien ne connaît pas, et demandez-lui de passer devant chez vous les vitres baissées et à petite vitesse. Votre chien va sauter sur l’occasion d’une bonne course ! Dès qu’il arrive à la hauteur du véhicule (ce qui doit se faire à proximité de votre portail, pas des kilomètres plus loin pour être efficace) votre ami stoppe la voiture et par la fenêtre (le timing est primordial !) corne vigoureusement les oreilles de votre chien avec une trompette de stade ou de tout autre objet hyper bruyant (il peut aussi hurler en même temps !).
Votre chien sera surpris et surtout choqué par ce bruit effrayant. À ce moment-là, appelez-le du jardin d’un ton amical et quand il arrive sur vous, vous lui faites un énorme câlin, comme s’il venait d’échapper à un terrible danger…
Attention il ne faut absolument pas que le chien puisse vous associer au bruit qui le terrifie ou vous prenez le risque qu’il ait peur de vous en plus de rendre complètement inefficace l’action menée, donc réagissez juste après le coup de Klaxon, mais pas trop tard, c’est-à-dire entre les 1 à 3 secondes qui suivent.
L’instinct de reproduction
Si votre compagnon fugue par besoin de reproduction intensive, et qu’il cavale après toutes les chiennes en chaleur, vous aurez plus de mal, car en général l’instinct est plus fort que tout. Vous aurez beau faire, votre don Juan ne se calmera sûrement pas.
S’il résiste à toutes les techniques précédentes, il faudra envisager des moyens plus radicaux comme la pose d’une clôture radioélectrique, en général efficace. Cette clôture, invisible, car constituée de fils très fins envoie des impulsions dès que votre chien s’en approche.
Il en existe aujourd’hui des modèles spécialement adaptés aux petits animaux de compagnie. C’est une solution adoptée de plus en plus souvent par les éleveurs, qui ne peuvent se permettre de surveiller vingt chiens ou plus en même temps.
Quand le chien approche de la clôture, un bip sonore le prévient d’abord qu’il approche de la limite dangereuse, puis s’il avance encore, il reçoit une impulsion électrique.
C’est sévère, mais parfois nécessaire face à l’obstination de certains chiens à courir la gueuse ! Avec ce système, très répressif, vous supprimerez l’effet, c’est-à-dire la fuite, mais pas la cause : l’hypersexualité.
Néanmoins, dans ce dernier cas, il faut savoir que la seule solution reste la castration. Or tout le monde n’a pas forcément l’envie d’ôter les attributs de leur compagnon.
Mais nécessairement, à partir du moment où vous avez obtenu de votre chien qu’il cesse de fuguer, veillez à ce qu’il ne s’ennuie pas sinon il risque d’être à nouveau tenté. Il fait un effort de son côté, alors faites-en un aussi, et offrez-lui fréquemment de grandes balades, de façon à ce qu’il puisse dépenser son énergie, mais pas sans vous !
Offrez-lui des os en peau à ronger quand vous partez, en bref essayez de le distraire au maximum. Et puis en vieillissant, votre compagnon devrait normalement devenir plus casanier…